Quelque 620 000 Rohingya ont fui au Bangladesh depuis le 25 août. / FRED DUFOUR / AFP

La Birmanie et le Bangladesh ont signé un accord ouvrant théoriquement la porte au rapatriement de centaines de milliers de musulmans rohingya qui ont franchi la frontière bangladaise pour échapper à une campagne de répression de l’armée birmane dans l’Etat d’Arakan.

« Nous sommes prêts à les accueillir dès que possible, dès que le Bangladesh nous aura renvoyé les formulaires [de retour] », a assuré, jeudi 23 novembre, Myint Kyaing, secrétaire permanent du ministère du travail, de l’immigration et de la population birman, après la signature de cet accord dans la nouvelle capitale birmane, Naypyitaw.

Si la junte militaire qui a dirigé la Birmanie pendant des décennies a laissé formellement le pouvoir à un gouvernement civil dirigé par la Prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi l’an dernier, beaucoup craignent que l’armée ne cherche à empêcher le retour des Rohingya. Les organisations de défense des droits de l’homme et plusieurs pays occidentaux accusent l’armée birmane de se livrer à des exactions de grande ampleur dans cette région de l’ouest du pays.

L’armée, sur laquelle Aung San Suu Kyi n’a aucune autorité, a d’ores et déjà prévenu que les réfugiés ne pourraient rentrer que dans le cadre de la loi sur la citoyenneté de 1982, qui a établi une liste officielle des minorités ethniques en Birmanie, dont les Rohingya ne font pas partie.

« Nettoyage ethnique », selon Washington

Mercredi, les Etats-Unis ont accusé la Birmanie de se livrer à un « nettoyage ethnique », faisant écho à des déclarations de responsables des Nations unies au début de la crise humanitaire qui a vu quelque 620 000 Rohingya fuir au Bangladesh depuis le 25 août. Le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson a aussi menacé les généraux birmans de sanctions ciblées.

La semaine dernière, le chef d’Etat-major de l’armée, le général Min Aung Hlaing, a prévenu après un entretien avec Rex Tillerson que tout accord devrait prendre en compte les intérêts des « habitants ethniquement originaires de l’Arakan qui sont les vrais citoyens birmans » et pas seulement ceux des « Bengalis », un terme désignant les Rohingya utilisé par la majorité bouddhiste birmane pour souligner leur origine étrangère.