Le gouvernement australien avait promis de ne pas faire usage de la force. / HANDOUT / REUTERS

Le bras de fer entre la police papouasienne et des centaines de demandeurs d’asile a pris fin. Les forces de l’ordre ont annoncé vendredi 24 novembre avoir totalement évacué le camp australien de réfugiés de Manus. L’intervention, qui avait débuté jeudi, a repris de plus belle, et de façon plus musclée vendredi, les policiers désormais armés de barres métalliques achevant dans la matinée de contraindre les migrants de sortir du camp pour se rendre dans deux nouveaux centres de rétention.

« Entre 9 heures et 10 heures [minuit et 1 heure du matin à Paris] ce matin, ils ont tous été évacués », a annoncé à l’Agence France-Presse Dominic Kakas, un haut responsable de la police de Papouasie-Nouvelle-Guinée. « Tout est vide, les soldats ont repris leur base », a-t-il ajouté, en référence au centre de rétention de Manus, qui avait été ouvert par l’Australie sur une base navale papouasienne.

L’Australie a essuyé un revers quand elle a été contrainte de fermer au 31 octobre le centre de Manus, dont la Cour suprême de Papouasie avait jugé l’ouverture anticonstitutionnelle. Elle a alors prié les demandeurs d’asile de se rendre dans d’autres centres de rétention de l’île. Craignant que l’impasse administrative dans laquelle ils se trouvent ne se poursuive, des centaines de migrants ont opté pour le bras de fer avec les autorités en se retranchant dans le camp de Manus, quand bien même l’eau et l’électricité avaient été coupées.

L’Australie dénonce des « informations inexactes au sujet des violences »

Après une journée de jeudi marquée par l’évacuation contrainte d’une cinquantaine de migrants, environ 320 demandeurs d’asile demeuraient vendredi matin dans ce camp.

Des vidéos et des photos postées par les réfugiés sur les réseaux sociaux ont montré vendredi l’intervention musclée de policiers en uniforme brandissant des barres métalliques, utilisées pour pousser les migrants vers des bus garés à l’extérieur, alors même que la police papouasienne s’était engagée à ne pas recourir à la force.

Le ministre australien de l’immigration, Peter Dutton, a salué la fin de l’évacuation et accusé les défenseurs des réfugiés d’« informations inexactes et exagérées au sujet des violences et des blessures » provoquées par la police papouasienne. Il a également soutenu que les nouveaux centres de rétention de Manus étaient prêts pour accueillir les réfugiés, contrairement à ce qu’affirmaient ces derniers et des organisations, comme le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).

Les associations préoccupées

Les associations disent surtout craindre pour la sécurité des migrants s’ils restent à Manus, en raison de l’hostilité vraisemblable des habitants de l’île, qui n’ont pas été consultés sur l’ouverture de ces camps.

« Ces hommes sont effrayés, ils sont épuisés et déprimés », a expliqué vendredi Amy Frew, avocate au sein du Centre juridique pour les droits de l’homme, une ONG australienne. « Après quatre ans et demi dans les limbes et l’incertitude, ils n’ont toujours pas d’endroit sûr où aller. Ce qui s’est passé ce matin montre que, quoi qu’ils fassent, où qu’ils aillent, leur sécurité ne pourra être garantie tant qu’ils n’auront pas été évacués de Papouasie-Nouvelle-Guinée. »

La police papouasienne évacue le centre de rétention de Manus
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Dans un communiqué, le HCR s’était déjà dit, jeudi, préoccupé par des informations faisant état d’un usage de la force, regrettant que son personnel n’ait « pas bénéficié d’un plein accès au centre ».