La Commission électorale nationale (NEC) du Liberia a rejeté, vendredi 24 novembre, le recours en appel contre les résultats du premier tour de la présidentielle, où le sénateur et ex-star du foot George Weah et le vice-président Joseph Boakai étaient arrivés en tête.

Le second tour, prévu le 7 novembre entre les deux hommes, a été reporté sine die le 6 novembre par la Cour suprême, qui a enjoint à la NEC d’examiner d’abord le recours du candidat arrivé en troisième position au premier tour le 10 octobre, Charles Brumskine (9,6 % des voix). M. Boakai s’était joint à lui.

Mais le conseil de la Commission électorale a jugé que les plaignants n’avaient pas apporté la « preuve irréfutable », comme l’exige la Constitution, que le vote avait été entaché de fraudes, faisant état d’erreurs matérielles sans conséquence sur le résultat final et corrigées par la suite. « La demande des parties pour que l’élection soit organisée une nouvelle fois est par conséquent rejetée », a déclaré Davidetta Lassana, une responsable de la commission.

Des témoignages cités par les plaignants faisaient état de l’absence de numéros de série sur les bulletins de vote ou de la non-communication aux partis politiques des listes électorales. Mais les éléments présentés par la NEC « prouvent le contraire », a estimé la NEC.

Les observateurs internationaux avaient jugé que le déroulement du vote était largement crédible, malgré des problèmes d’organisation et de longs retards relevés dans ce scrutin pour désigner le successeur d’Ellen Johnson Sirleaf, première femme élue à la tête d’un Etat africain.

Incertitude sur la transition démocratique

L’imbroglio juridico-électoral fait peser des incertitudes sur la première transition démocratique depuis trois générations dans ce petit pays anglophone d’Afrique de l’Ouest, l’un des plus pauvres au monde, ravagé de 1989 à 2003 par l’une des plus atroces guerres civiles du continent, qui a fait quelque 250 000 morts.

Le Conseil de sécurité des Nations unies a appelé mercredi toutes les parties à résoudre leurs différends « rapidement afin de permettre une conclusion dans les délais du processus électoral et une transition pacifique du pouvoir au nouveau président, conformément aux échéances fixées par la Constitution libérienne ».

Les candidats déboutés ont sept jours pour saisir la Cour suprême de la décision de la NEC – ce qu’ils ont d’ores et déjà annoncé vouloir faire –, qui disposera ensuite d’une semaine pour transmettre le dossier à la cour, qui devra elle-même statuer dans un délai de sept jours.

Si la cour fait droit au recours, la NEC devra organiser une nouvelle élection dans un délai de soixante jours. A contrario, si elle le rejette, un second tour devra se tenir, nécessairement un mardi, selon la Constitution.

Or, le mandat présidentiel débute le troisième lundi ouvré de l’année suivant l’élection, ce qui laisse peu de temps pour tenir les délais constitutionnels, quelle que soit la décision de la Cour suprême.