Olivier Dussopt, au Congrès des maires de France, à Paris, le 20 novembre. / JACQUES DEMARTHON / AFP

Il est la vraie surprise de ce remaniement. Olivier Dussopt, 39 ans, a fait son entrée au gouvernement, vendredi 24 novembre, au poste de secrétaire d’Etat chargé de la fonction publique, auprès de Gérald Darmanin (ministre de l’action et des comptes publics).

Le député socialiste accompagne Delphine Gény-Stephann également nommée secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’économie, Bruno Le Maire. Benjamin Griveaux récupère de son côté le poste convoité de porte-parole du gouvernement, à la place de Christophe Castaner qui reste secrétaire d’Etat chargé des relations avec le Parlement.

En rejoignant Emmanuel Macron, Olivier Dussopt, élu de l’Ardèche, achève sa transhumance politique. Proche de la nouvelle gauche de Benoît Hamon au milieu des années 2000, il s’était ensuite rapproché de Martine Aubry. Fervent soutien de la maire de Lille lors de la primaire de la gauche en 2012, il s’était peu à peu désolidarisé pour rejoindre les troupes de Manuel Valls après l’accession à Matignon de ce dernier. Lors de la primaire du Parti socialiste (PS) en 2017, il avait tenu le rôle de porte-parole du candidat finalement défait par Benoît Hamon.

Il a voté contre le budget

Au sein du parti, nombreux sont ceux à relever depuis mercredi, au moment où les rumeurs sur sa nomination commençaient à circuler, que M. Dussopt avait voté, comme l’ensemble du groupe, contre le projet de loi de finances pour 2018. « C’est une tentative dérisoire de fracturer un peu plus l’opposition », analysait jeudi un député socialiste au Monde.

« C’est décevant dans ce que ça dit de la vision de M. Macron des équilibres institutionnels. Le cynisme n’est pas une vertu en politique. »

A la suite de l’annonce de son entrée au gouvernement, le numéro un du PS, Rachid Temal a ainsi annoncé sur son compte Twitter que M. Dussopt « n’est plus membre du Parti socialiste » évoquant « la cohérence politique ».

« Finalement Macron fait comme Sarkozy : du débauchage individuel #NouveauMonde ? », a complété vendredi soir le trésorier du parti, Jean-François Debat, sur Twitter. « Son âge lui offre la possibilité d’avoir l’échine souple, très souple même, dénonce de son côté Christophe Lantoine, ancien chef de cabinet d’Arnaud Montebourg à Bercy, aujourd’hui proche de Luc Carvounas. Je pense surtout aux militants socialistes de son territoire qui lui ont tout donné pour réussir. Il est l’homme politique de son temps : moins il y a de loyauté, mieux ça marche. Mais il a oublié que le temps passe très vite... »

Signal à Manuel Valls

En nommant un proche de Manuel Valls, Emmanuel Macron envoie un signal à ce dernier, qui est revenu ces derniers jours sur le devant de la scène au gré de la polémique entre Mediapart et Charlie Hebdo. L’ancien premier ministre s’est d’ailleurs réjoui de cette nomination. « Il a l’expérience du terrain, le sens de l’Etat et il veut la réussite de la France. Il fait le bon choix », a-t-il tweeté.

M. Macron s’offre également au passage les services d’un député encarté socialiste alors qu’il est régulièrement accusé par ses opposants de gauche de mener une politique fiscale trop à droite.

Lors de la campagne des législatives, Olivier Dussopt avait fait face à une candidate de La République en marche dans la 2circonscription de l’Ardèche, l’emportant au second tour avec près de 56 % des suffrages. Frappé par le cumul des mandats, il avait dû dans le même temps abandonner les clés de la mairie d’Annonay, dont il était maire depuis 2008.

Quatre jours avant sa nomination, il avait partagé sur Twitter une photo prémonitoire de lui avec Edouard Philippe, dans le cadre des discussions entre les maires et le gouvernement, en saluant le « dialogue direct et cordial » avec le premier ministre, qu’il espérait « utile et constructif » pour « les prochaines décisions du gouvernement »… auquel il appartient désormais.