La justice zimbabwéenne a jugé vendredi 24 novembre légal le coup de force de l’armée qui a abouti à la démission du président Robert Mugabe, estimant que cette intervention visait à empêcher des personnes non élues d’occuper des fonctions électives.

« Les actes des forces de défense zimbabwéennes visant à empêcher les proches de l’ancien président Robert Mugabe d’usurper le pouvoir sont constitutionnelles », a estimé un tribunal de Harare, qui avait été saisi par deux citoyens zimbabwéens, selon la télévision nationale ZBC.

Evincer l’entourage du président

Dans la nuit du 13 au 14 novembre, l’armée a pris le contrôle de la capitale, Harare, et a placé le président Robert Mugabe en résidence surveillée. Au matin, un porte-parole de l’état-major est apparu à la télévision pour préciser qu’il ne s’agissait pas d’un coup d’Etat mais d’une opération contre les « criminels » de l’entourage du président. L’objectif était d’empêcher Grace Mugabe, la femme du chef de l’Etat, d’accéder à la vice-présidence, après le limogeage d’Emmerson Mnangagwa.

Placé en résidence surveillée, Robert Mugabe a résisté pendant plusieurs jours aux pressions de l’armée, de son parti et de la rue, avant de présenter mardi sa démission, sous la menace d’une procédure de destitution par le Parlement.

Après un bref exil sud-africain, Emmerson Mnangagwa a prêté serment vendredi comme président du pays. Dans son discours d’investiture, il a promis de redresser l’économie, de lutter contre la corruption et que les élections prévues pour 2018 seraient « libres et honnêtes ». Le même jour, un jugement a aussi annulé son limogeage intervenu début novembre.

La crainte d’un précédent

Le responsable régional de l’ONG Human Rights Watch (HRW), Dewa Mavhinga, n’a pas caché sa surprise après ces « deux jugements incroyables ». « Justice étrange, sous contrôle ? », s’est-il interrogé sur son compte Twitter.

« La justice a soutenu l’interprétation de l’armée selon laquelle il est autorisé et légal d’intervenir dans les affaires politiques », a renchéri samedi Alex Magaisa, expert zimbabwéen en droit. « C’est un dangereux précédent qui met le gouvernement sous la coupe des militaires », a-t-il écrit sur le site Big Saturday Read.