Martin Fourcade s’est rassuré en remportant le sprint lors des sélections norvégiennes à Sjusjoen, avant la Coupe du monde en Suède le 26 novembre 2017. / FRANCK FIFE / AFP

Quand Martin Fourcade prend froid, c’est toute la délégation française aux Jeux olympiques d’hiver qui tousse : le biathlète français est attendu comme le principal pourvoyeur de médailles à Pyeongchang (Corée du Sud, du 9 au 20 février 2018), où il sera aussi le porte-drapeau tricolore. Or, cet automne, le corps du double champion olympique de Sotchi répondait plutôt mal : malade en septembre et victime d’un coup de mou inexpliqué en octobre, en témoigne sa 11e place au sprint des championnats de France.

Un mois plus tard, tout va mieux : Martin Fourcade semble avoir retrouvé le physique qui a fait de lui un sextuple vainqueur du classement général de la Coupe du monde, série en cours. « Impossible de savoir ce que j’ai, disait-il au Monde au début de novembre. Ce n’est pas la période où j’ai le plus de confiance dans ma carrière, mais les sélections norvégiennes me diront où j’en suis, si le mal est ancré. »

Cette série de courses disputées à la mi-novembre en Norvège, qui rassemblaient la plupart des meilleurs biathlètes du monde avant le début de la saison, a livré un verdict rassurant : vainqueur du sprint et troisième de la mass start (« départ en ligne »), Martin Fourcade a vite retrouvé le niveau mondial malgré sa fin de préparation inquiétante.

« Ce serait une déception de ne pas être à l’heure »

Cela tombe bien : si les Jeux sont dans deux mois et demi, la Coupe du monde, qui débute dimanche 26 novembre avec le relais mixte et dont la première course individuelle se disputera jeudi 30, demeure un objectif pour le Français.

« Pour moi, le début de saison est important. Ce serait une déception de ne pas être à l’heure. Une saison réussie, ce serait un titre olympique en individuel et une médaille en relais, mais aussi des victoires en Coupe du monde, car ce n’est pas parce qu’on est sur une saison olympique que je vais changer. »

Martin Fourcade, qui entend prolonger sa carrière au moins une ou deux saisons après Pyeongchang, ne cite pas le classement général comme objectif, trop conscient de la charge mentale et physique qu’il représente. Mais « j’y jetterai un œil attentif », ajoute-t-il. Une septième victoire finale en Coupe du monde ferait de lui le détenteur unique du record, devant la légende norvégienne Ole Einar Bjørndalen qui en compte six, comme lui.

Pas d’impasse prévue, sauf s’il faut « changer de préparation »

D’ici à Noël, les trois premières étapes (sur neuf) établiront une première hiérarchie. Martin Fourcade n’anticipe pas l’impasse sur une étape au mois de janvier, très chargé, mais y consentira s’il ressent le besoin « de changer de préparation, si je n’en suis pas là où je veux ».

« En biathlon, c’est compliqué de faire des impasses, abonde Stéphane Bouthiaux, l’entraîneur du Français. Il faut rester derrière la carabine, garder en soi l’intensité de la course. En faisant des impasses, on se passe de ces expériences, ce qui peut devenir handicapant au moment des Jeux. Dans les trois semaines entre la coupure de la Coupe du monde et le début des Jeux, la machine à se poser des questions a déjà tout le temps de se remettre en route. »

On comprend dès lors que le Pyrénéen disputera l’essentiel des courses de Coupe du monde d’ici aux Jeux et que la première place au classement général tombera comme un fruit mûr si le gouffre constaté la saison dernière entre ses rivaux et lui n’a pas été comblé cet été.

Ses rivaux ? Le Français cite les habituels Johannes Thingnes Bø – impressionnant aux sélections norvégiennes –, Anton Shipulin et Simon Schempp, ainsi que l’Allemand Benedikt Doll – « qui a pu mûrir durant l’intersaison » – comme possible trouble-fête.

Des biathlètes dont Martin Fourcade est pressé de découvrir le niveau réel, dans l’angoisse – cela peut surprendre – de ne plus dominer la hiérarchie. Stéphane Bouthiaux : « A l’approche des premières courses, il devient par moments insupportable. » Il l’est ensuite généralement pour ses adversaires.