Emmanuel Macron a lancé officiellement la grande cause nationale consacrée à l’égalité entre les femmes et les hommes par un discours prononcé à l’Elysée, samedi 25 novembre. / Ludovic Marin / AP

Emmanuel Macron a lancé officiellement la grande cause nationale consacrée à l’égalité entre les femmes et les hommes par un discours prononcé à l’Elysée, samedi 25 novembre, Journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes. Lors d’un moment qui se voulait solennel, le président de la République a observé une minute de silence pour les 123 femmes tuées par leur conjoint ou ancien conjoint en 2016.

M. Macron a ensuite détaillé ses « trois priorités » pour les cinq prochaines années : « l’éducation et le combat culturel en faveur de l’égalité », un « meilleur accompagnement des victimes » et un « renforcement de l’arsenal répressif ».

En liminaire de sa minute de silence, M. Macron a présenté un état des lieux des violences faites aux femmes en France, évoquant un « sentiment d’horreur et de honte », suscité par « cette immense libération de la parole »« en un an quelque chose s’est passé ». « C’est notre société entière qui est malade du sexisme », a déclaré le président de la République, regrettant que de nombreuses femmes n’osent pas encore « parler », restant « dans le camp de la honte ».

Le chef de l’Etat a rappelé qu’une femme meurt tous les trois jours en France à la suite de violences conjugales, avant de proposer « d’opposer à ces actes le silence vibrant du respect ».

  • Le budget du secrétariat d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes augmenté

Alors qu’une polémique avait émergé durant l’été sur une baisse du budget du secrétariat d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes, le président de la République a assuré qu’il serait finalement augmenté, pour « atteindre son plus haut niveau ».

« Les crédits dédiés à la lutte contre les violences faites aux femmes ont déjà été augmentés de 113 % et seront sanctuarisés », a détaillé M. Macron, qui compte allouer 420 millions d’euros en 2018 pour défendre l’égalité entre les femmes et les hommes.

La militante féministe Caroline De Haas tempère toutefois les annonces de M. Macron en assurant que la hausse du budget n’est pas significative.

  • L’éducation et combat culturel

Le président de la République considère que l’éducation est « le principal levier » pour lutter contre le sexisme, considérant que « l’école a un rôle indispensable ». Concernant ce volet, M. Macron a annoncé la mise en place, dès 2018, d’un « module d’enseignement » dans toutes les écoles du service public consacré « à la prévention et à la lutte contre le sexisme, le harcèlement et les violences » faites aux femmes.

Au-delà de l’éducation des plus jeunes, le chef de l’Etat considère qu’il s’agit de sensibiliser à cette question tout au long de la vie : « Dès 2018, un grand plan de formation initiale et continue sera déployé dans le secteur public, avec une attention particulière portée sur la formation des cadres. »

M. Macron entend également « étendre les pouvoirs du CSA » en 2018 pour qu’il régule aussi les vidéos sur internet ou encore les jeux vidéos pour lutter contre « les contenus qui peuvent fragiliser ou conduire à la violence contre les femmes ».

Évoquant notamment la pornographie sur internet, accessible aux enfants, il a dit qu’« en 2018, nous devons repenser le cadre de notre régulation des contenus, en particulier les contenus audiovisuels en prenant en compte l’évolution du numérique et afin d’étendre les pouvoirs de régulation du Conseil supérieur de l’audiovisuel » pour ce « contrôle indispensable sur tous les contenus qui peuvent conduire à la violence contre les femmes ».

  • Accompagnement des victimes

« Dès 2018 » devrait être créé des unités hospitalières pour la « prise en charge psychotraumatique » des femmes victimes de violences. Le chef de l’Etat précise que ces soins psychotraumatiques liés aux violences seront « pris en charge par la sécurité sociale ».

Le président compte également mettre en place « un signalement en ligne pour les victimes de violences » et sera mis en place « sous forme de discussion interactive instantanée, avec un policier formé et disponible 24 heures/24 et 7j/7 ».

  • Renforcement de l’arsenal répressif

M. Macron a plaidé pour fixer à 15 ans l’âge de consentement minimum à un acte sexuel, un sujet « de grande sensibilité » relancé récemment par plusieurs décisions de justice. « J’ai une conviction personnelle que je veux vous partager, nous devons aligner l’âge de consentement sur celui de la majorité sexuelle, à 15 ans, par souci de cohérence et de protection des mineurs », a déclaré Emmanuel Macron à l’Elysée. Le sujet doit être débattu en 2018 dans le cadre d’un projet de loi contre « les violences sexuelles et sexistes ».

Les délais de prescription pour les victimes mineures de violences sexuelles, devrait passer de vingt à trente ans et inscrit « dans le futur projet de loi sur les violences sexuelles ou sexistes, présenté en 2018 ».

Le chef de l’état a également confirmé la création prochaine d’un « délit d’outrage sexiste » punissant le harcèlement de rue, qui sera « verbalisable immédiatement pour un montant dissuasif ». Ce délit sera une des priorités de la future police de proximité, a-t-il ajouté, déclarant que « les femmes ne peuvent pas en République avoir peur de sortir » et que « la rue ne peut pas être leur enfer quotidien ».