Boris Cyrulnik, psychiatre : « Il faut pouvoir rêver pour trouver sa voie »

« Ce qui peut aider un jeune à trouver sa voie, c’est son pouvoir de rêve. Il faut ensuite se réveiller, bien sûr. Le rêve mène au réveil. Mais si un jeune arrive à rêver et à se mettre au travail, il pourra prendre une direction de vie... »

Amélie Edoin, directrice du Labo des histoires Ile-de-France Ouest :  « Les grandes écoles ne sont pas réservées à une élite »

« Je viens d’un lycée de Lorraine en zone d’éducation prioritaire. Dès la seconde, en voyant mes notes, mes profs m’ont conseillé de me renseigner sur Sciences Po. Au début, j’étais réfractaire, je pensais aller à la fac comme tout le monde. J’ai eu la chance d’avoir des professeurs exceptionnels qui m’ont encouragée à y croire, ça a été le déclic. Les grandes écoles ne sont pas réservées à une élite.... »

Luc Julia, vice-président innovation de Samsung : « Une société non éduquée est une société en danger. »

« Pour moi, les technologies doivent d’abord servir à aider les gens, à les « assister » pour que leur vie soit plus simple. (...) Dans ce monde « meilleur » à venir, il existe en effet des risques de sécurité et d’intrusion dans la vie privée. (...) Les gens doivent prendre leur responsabilité. (...) Cela passe par l’éducation. Une société non éduquée est une société en danger. »

Lise Damelet, avocate chez Orrick, Herrington & Sutcliffe, cofondatrice de l’Incubateur du barreau de Paris : « Le droit est plus que jamais un secteur d’avenir »

« Le droit est plus que jamais un secteur d’avenir. Le conseil que je donnerais aujourd’hui est de suivre une formation juridique, mais pas seulement. (...) Il n’existe plus de voie prédestinée pour les juristes, un très bon juriste sera aussi un très bon économiste, peut-être aussi un très bon technicien ou un très bon codeur. »

Se former

Arthur Zang, ingénieur camerounais, créateur du CardioPad, PDG de Himore Medical Equipements.

« En 2009, alors étudiant à l’Ecole polytechnique au Cameroun, je fais un stage à l’hôpital de Yaoundé avec un professeur de cardiologie. A l’époque, le pays compte 40 cardiologues pour 19 millions d’habitants. Je me lance alors dans l’invention du CardioPad, qui permet d’effectuer un examen complet du cœur et d’en transmettre les résultats sur le téléphone portable d’un cardiologue. (...) Pour y arriver, cela n’a vraiment pas été facile...  »

Paul Duan, fondateur de Bayes Impact : « Suivre plusieurs voies, c’est ce qui permet d’être créatif, d’inventer des choses »

« Ce système où on ne peut suivre qu’une voie, ou une autre, ne me convenait pas. Je suis parti aux Etats-Unis étudier à Berkeley et là j’ai pu faire des maths, de l’économie, de l’informatique, mais aussi des sciences politiques, de la psychologie. C’est hyperimportant la transversalité, c’est tout ce qui permet d’être créatif et d’inventer des choses. »

Créer

Ken Robinson, universitaire anglais, auteur de Changer l’école ! (PlayBac, 464 pages, 22,90 euros) « Nous pouvons tous cultiver notre créativité »

« De nombreux mythes subsistent autour de la créativité. Beaucoup de gens estiment qu’ils ne sont pas créatifs et qu’ils ne le seront jamais. Pourtant nous possédons tous un potentiel créatif et nous sommes tous en mesure de le cultiver dans l’art, la technologie, le monde académique, la gestion d’une entreprise »

François Taddéi, chercheur à l’Inserm, fondateur du Centre de recherches interdisciplinaires (CRI).

« Les entreprises sont organisées sur un modèle très inspiré de l’ingénierie. Elles cherchent des rouages complémentaires. Quelqu’un de trop créatif n’est pas forcément capable d’entrer parfaitement dans l’un de ces rouages et peut poser des problèmes à l’organisation. Dans le même temps, les entreprises ont besoin de gens créatifs parce qu’elles doivent être capables de se réinventer avant de se faire “disrupter” par l’extérieur.... »

Oser

Ory Okolloh, cyberactiviste kényane, fondatrice de Omidyar Network : « Jeune Africaine et noire, j’ai dû briser le plafond de verre. »

« Si vous pensez que votre premier emploi sera celui de vos rêves, sachez que cela ne se passe pas comme ça. Il vous faudra trois, peut-être quatre postes avant de trouver celui qui vous convient vraiment. Voyez-y une occasion d’apprendre, d’expérimenter. (...) Moi-même, jeune Africaine et noire, j’ai dû briser le plafond de verre. D’un point de vue professionnel, beaucoup de femmes, tant qu’elles ne se sentent pas parfaitement qualifiées, ont tendance à se dissuader d’agir au lieu de s’en persuader. Apprendre à prendre des risques a été un travail de longue haleine pour moi... »

Marita Cheng, ingénieure australienne, fondatrice de Robogals : « Je conseille aux jeunes de tester plusieurs voies avant de trouver la leur.»

«La société n’encourage pas les filles à travailler dans la tech. (...) Pourtant, nous, les femmes, représentons la moitié de la population. Si nous voulons vivre dans un monde conçu aussi pour nous, nous devons contribuer à la conception de ce monde. Je conseille aux jeunes de tester plusieurs voies avant de trouver la leur. Si vous êtes passionné par les fleurs et que vous consacrez votre vie aux fleurs, à créer les meilleurs bouquets, à sélectionner les plus belles espèces, il y aura un métier pour vous dans ce monde ! »

Se réaliser

Charles-Edouard Vincent, fondateur de Lulu dans ma rue : « Trouver du sens dans son travail n’a rien d’une utopie »

« On ne peut pas tout anticiper, tout calculer. Sans faire n’importe quoi, il faut savoir se jeter à l’eau. Trouver du sens dans son travail n’a rien d’une utopie, c’est absolument fondamental. Il faut être capable d’écouter la petite voix intérieure qui est au fond de nous, on a parfois du mal à l’entendre. Le chemin peut être long mais c’est essentiel, on n’a qu’une vie ! »

Ismaël Le Mouël, fondateur de HelloAsso : « Creuser en soi le sens que l’on cherche à donner à sa vie professionnelle »

« Ce n’est pas simple de concilier le sens et la rentabilité dans son travail, mais cela n’a rien d’utopique non plus. De plus en plus d’entreprises sociales et d’associations réussissent à trouver des modèles pérennes. Il s’agit de creuser en soi le sens que l’on cherche à donner à sa vie professionnelle. L’école ne prépare pas suffisamment à cette introspection, en revanche chacun peut en soi-même y faire face. »

Participez à « O21 / S’orienter au 21e siècle »

Pour aider les 16-25 ans, leurs familles et les enseignants à se formuler les bonnes questions lors du choix des études supérieures, Le Monde organise la seconde saison d’« O21 / S’orienter au 21e siècle », avec cinq rendez-vous : à Nancy (vendredi 1er et samedi 2 décembre 2017, au centre Prouvé), à Lille (vendredi 19 et samedi 20 janvier 2018, à Lilliad), à Nantes (vendredi 16 et samedi 17 février 2018, à la Cité des congrès), à Cenon, près de Bordeaux (vendredi 2 et samedi 3 mars 2018, au Rocher de Palmer) et à Paris (samedi 17 et dimanche 18 mars 2018, à la Cité des sciences et de l’industrie).

Dans chaque ville, les conférences permettront au public de bénéficier des analyses et des conseils, en vidéo, d’acteurs et d’experts, et d’écouter et d’échanger avec des acteurs locaux innovants : responsables d’établissements d’universités et de grandes écoles, chefs d’entreprises et de start-up, jeunes diplômés, etc. Des ateliers sont aussi prévus. Vous pouvez vous inscrire gratuitement à une ou plusieurs conférences d’« O21 » Nancy en suivant ce lien. Pour les autres villes, les inscriptions se font via ce lien.

Pour inscrire un groupe de participants, merci d’envoyer un e-mail à education-O21@lemonde.fr. L’éducation nationale étant partenaire de l’événement, les lycées peuvent organiser la venue de leurs élèves durant le temps scolaire.