Des cartons déchargés à l’aéroport de Sanaa, le 25 novembre. / STRINGER / REUTERS

Un avion chargé d’aide humanitaire affrété par l’Unicef a atterri samedi à Sanaa, la capitale du Yémen. C’est la première fois que de l’aide humanitaire parvient au Yémen depuis le renforcement du blocus imposé par la coalition sous commandement saoudien. Cette coalition militaire est intervenue au Yémen en mars 2015 pour stopper la progression des rebelles yéménites Houthis face aux forces gouvernementales.

Elle avait imposé un blocus total au Yémen après le tir le 4 novembre d’un missile balistique par les rebelles en direction de l’Arabie saoudite. L’engin avait été intercepté au-dessus de l’aéroport international de Ryad. Après des appels pressants de l’ONU, la coalition a annoncé mercredi la réouverture du port de Hodeida (ouest) et de l’aéroport de Sanaa, tous les deux contrôlés par les rebelles, pour l’aide humanitaire.

1,9 million de vaccins contre la diphtérie

Samedi matin, 1,9 million de vaccins sont parvenus dans la capitale yéménite, a indiqué sur Twitter la représentante de l’Unicef au Yémen, Meritxell Relano. Selon l’Unicef, ces vaccins doivent servir a protéger 600 000 enfants contre la diphtérie, une maladie en progression dans le pays. La diphtérie est venue s’ajouter à une épidémie de choléra. Entre le 27 avril et le 8 novembre, l’OMS a enregistré 913 741 cas suspects de choléra et 2 196 décès liés à cette maladie, même si le nombre de cas est en diminution depuis plusieurs semaines.

Le photographe de l’AFP a constaté sur le tarmac de l’aéroport des piles de cartons remplis de vaccins. Trois autres avions affrétés par le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ont également atterri samedi à Sanaa avec à bord des travailleurs humanitaires.

« Je confirme que notre avion a atterri ce matin à Sanaa », transportant du personnel, a déclaré Iolanda Jaquemet, la porte-parole du CICR pour le Moyen-Orient. Un porte-parole du PAM a également précisé qu’un bateau transportant de l’aide attendait encore l’autorisation d’entrer dans le port de Hodeida.

« La pire crise humanitaire de la planète »

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le conflit au Yémen a fait, depuis l’intervention de la coalition militaire arabe, plus de 8 750 morts et 50 600 blessés, dont de nombreux civils. Le pays connaît « la pire crise humanitaire de la planète », selon l’ONU qui a averti que sept millions de Yéménites se trouvent au bord de la famine en raison de la poursuite du conflit.

Réagissant à l’arrivée des premières aides, un responsable de l’Autorité de l’aviation civile dépendante des rebelles houthis a réclamé la réouverture de l’aéroport de Sanaa à tous les vols civils et humanitaires, estimant que les quantités délivrées ce samedi étaient insuffisantes. Dans une déclaration sur la chaîne al-Massira proche des rebelles, leur chef Abdel-Malek al-Houthi a appelé ses partisans à rester mobilisés face à toute « nouvelle escalade saoudienne ».

La guerre au Yémen oppose les forces gouvernementales du président Abd Rabbo Mansour Hadi, qui ont été chassées en septembre 2014 de Sanaa, aux rebelles Houthis, issus de la minorité zaïdite (branche du chiisme).