L’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne a inauguré son « PMF Lab » d’innovations pédagogiques le 9 mars. / Université Paris-I-Panthéon-Sorbonne (CC by 2.0)

Si les cours magistraux gardent leur utilité pour transmettre des connaissances, ils ne suffisent pas à une époque où l’enseignant n’est plus le seul dépositaire du savoir : avec la révolution numérique, celui-ci est accessible à tous et à tout ­moment. L’enjeu, désormais, est d’apprendre à apprendre. Pour y répondre, d’autres pédagogies se développent. Plus actives, elles ­placent les étudiants au cœur de la formation et leur permettent d’acquérir les savoirs et ­savoir-faire du XXIsiècle.

Apprendre en faisant : tel est le principe du learning by doing, qui trouve de multiples déclinaisons dans les écoles et universités. Dans le cadre de pédagogies par projets, les étudiants travaillent en groupe, comme ils ­seront amenés à le faire dans leur vie professionnelle. Cette approche peut prendre la forme de challenges, au cours desquels les étudiants ont quelques jours ou semaines pour plancher par équipes sur des problématiques réelles d’entreprises.

Parallèlement, l’accent est désormais mis sur les compétences, ce qui permet de rendre les formations plus lisibles sur le marché de l’emploi : au lieu de se focaliser sur l’apprentissage de phénomènes physiques ou climatologiques, l’université Grenoble-Alpes indique par exemple que les diplômés de licence de géographie et aménagement sont capables de « rédiger un article scientifique sur un dossier d’actualité, réaliser une cartographie, évaluer l’activité des collaborateurs et réaliser des supports de communication ». Dans le cadre de l’approche-programme, la faculté des sciences de l’université de Nantes a été jusqu’à revoir totalement ses cursus en partant des compétences attendues d’un ­diplômé en mathématiques, biologie ou ­chimie, pour ensuite définir les pédagogies permettant de les acquérir.

Mélange des filières

Pour mieux appréhender la diversité du monde professionnel, l’heure est aussi au ­mélange des filières : les étudiants apprennent à collaborer avec des personnes venues d’horizons variés, qui n’ont ni la même culture ni le même langage. C’est ainsi que de nombreux projets rassemblent désormais des élèves ingénieurs, manageurs et designeurs. Etablissement hybride, la Web School Factory a, quant à elle, pris le parti de mêler ces différentes disciplines au sein d’un seul cursus. Son credo : former des « manageurs du Web », ­capables aussi bien de programmer que de ­développer une stratégie de marketing digital.

Cette ouverture pluridisciplinaire va de pair avec la capacité à s’adapter à un contexte technique et économique en pleine évolution. C’est pourquoi de plus en plus de formations mettent l’accent sur la créativité qui, contrairement à certaines idées reçues, est loin d’être innée ! Venu de l’université californienne Stanford, le design thinking fait partie des méthodes pour apprendre à innover. Des écoles comme les Mines d’Alès font travailler leurs élèves sur des cas concrets, de manière à susciter d’abord des associations d’idées lors d’une phase de divergence, avant d’échanger et de converger pour faire émerger de nouvelles idées.

Face à des étudiants de plus en plus actifs dans leur formation, le rôle de l’enseignant change, jusqu’à parfois devenir avant tout un accompagnateur : les pédagogies inversées font travailler les élèves en amont pour qu’ils assimilent chez eux les connaissances théoriques, tandis que les séances de cours sont consacrées aux questions, approfondissements et cas pratiques.

« Classe renversée »

Professeur de biologie cellulaire et ­vice-président innovation et développement à l’Université catholique de Lille, ­Jean-Charles Cailliez a expérimenté et ­théorisé une étape supplémentaire, qu’il a baptisée la « classe renversée ». Par ­petits groupes, les élèves construisent ­eux-mêmes le plan du cours, en définissent le contenu et vont jusqu’à rédiger les ­évaluations. ­L’enseignant devient alors le « directeur d’une micro-entreprise qui produit de la ­connaissance ». D’après Jean-Charles Cailliez, cette pédagogie permet aux étudiants de davantage s’approprier des savoirs tout en ­acquérant des compétences liées à la gestion de projet.

Dans la même perspective, l’apprentissage par les pairs se développe lui aussi de plus en plus. Quand elle était encore étudiante à l’EM Lyon, Dianne Lenne a mis au point une méthodologie fondée sur le partage des savoirs et l’intelligence collective. Baptisée WAP, acronyme de « We Are the Projects », cette approche consiste à faire animer des ateliers participatifs par les étudiants eux-mêmes, qui creusent ainsi ensemble un sujet donné.

Poussé à l’extrême, ce type de pédagogie peut donner lieu à la création d’une « école sans prof » : c’est le cas de 42, lancée en 2013 par Xavier Niel (actionnaire à titre personnel du Monde). Ici, les étudiants travaillent seuls ou en groupe, ils doivent s’entraider pour mener à bien leurs projets et leur scolarité est gérée par un logiciel qui leur recommande de valider telle ou telle compétence. Pour l’école, l’objectif est de former des développeurs autonomes, une qualité largement appréciée des recruteurs.

Participez à « O21 / S’orienter au 21e siècle »

Pour aider les 16-25 ans, leurs familles et les enseignants à se formuler les bonnes questions lors du choix des études supérieures, Le Monde organise la seconde saison d’« O21 / S’orienter au 21e siècle », avec cinq rendez-vous : à Nancy (vendredi 1er et samedi 2 décembre 2017, au centre Prouvé), à Lille (vendredi 19 et samedi 20 janvier 2018, à Lilliad), à Nantes (vendredi 16 et samedi 17 février 2018, à la Cité des congrès), à Cenon, près de Bordeaux (vendredi 2 et samedi 3 mars 2018, au Rocher de Palmer) et à Paris (samedi 17 et dimanche 18 mars 2018, à la Cité des sciences et de l’industrie).

Dans chaque ville, les conférences permettront au public de bénéficier des analyses et des conseils, en vidéo, d’acteurs et d’experts, et d’écouter et d’échanger avec des acteurs locaux innovants : responsables d’établissements d’universités et de grandes écoles, chefs d’entreprises et de start-up, jeunes diplômés, etc. Des ateliers sont aussi prévus. Vous pouvez vous inscrire gratuitement à une ou plusieurs conférences d’« O21 » Nancy en suivant ce lien. Pour les autres villes, les inscriptions se font via ce lien.

Pour inscrire un groupe de participants, merci d’envoyer un e-mail à education-O21@lemonde.fr. L’éducation nationale étant partenaire de l’événement, les lycées peuvent organiser la venue de leurs élèves durant le temps scolaire.