La ministre allemande de l’environnement, Barbara Hendricks (au centre), à la COP23 de Bonn, le 17 novembre. / MARTIN MEISSNER/AP

Le renouvellement de la licence d’exploitation du glyphosate pour cinq ans, décidé lundi 27 novembre par l’Union européenne, divise le gouvernement allemand. La ministre social-démocrate de l’environnement, Barbara Hendricks (SPD), a critiqué la position de l’Allemagne, un des dix-huit Etats ayant voté, à Bruxelles, pour la prolongation de cet herbicide controversé, dont la licence d’exploitation devait arriver à expiration le 15 décembre.

« Il avait été clairement établi que l’Allemagne, lors de la réunion du comité d’appel, devait s’abstenir », a déclaré Mme Hendricks, qui a précisé avoir téléphoné, deux heures avant la réunion, à son collègue chargé de l’agriculture, le conservateur bavarois Christian Schmidt (CSU), pour lui dire qu’elle était elle-même « opposée au renouvellement de la licence du glyphosate ». Lors d’un précédent vote, le 9 novembre, l’Allemagne s’était abstenue. Ce jour-là, la proposition de la Commission européenne n’avait pas réussi à atteindre la majorité qualifiée nécessaire.

Cette affaire risque de peser sur les pourparlers en vue de la formation d’un gouvernement à la tête du pays. Elle intervient alors même que les sociaux-démocrates et les conservateurs de la CDU-CSU viennent d’accepter d’ouvrir des discussions dans le but de former une nouvelle « grande coalition », après l’échec des pourparlers engagés au lendemain des législatives du 24 septembre en vue de constituer une coalition dite « jamaïcaine » entre les conservateurs, les libéraux et les écologistes. Depuis fin octobre, le gouvernement de « grande coalition » mis en place en 2013 est toujours en fonction, mais il n’est plus chargé que de l’expédition des affaires courantes.

« Ceux qui ont intérêt à instaurer une relation de confiance entre des partenaires ne peuvent pas se comporter ainsi », s’est emportée Mme Hendricks

Si l’affaire du glyphosate tombe au plus mal, c’est que le SPD est lui-même très réservé quant à l’idée de participer une nouvelle fois à un gouvernement aux côtés des conservateurs. Après les législatives, le président du parti, Martin Schulz, était partisan d’un retour dans l’opposition. Ce n’est que vendredi 24 novembre, après une nuit de vifs débats, que la direction du parti a annoncé qu’elle était prête à discuter à nouveau avec la CDU-CSU.

« Ceux qui ont intérêt à instaurer une relation de confiance entre des partenaires ne peuvent pas se comporter ainsi », s’est emportée Mme Hendricks, qui n’en est pas à son premier différend avec ses collègues bavarois du gouvernement (le ministre de l’agriculture et celui des transports) depuis quatre ans.

L’affaire risque en tout cas de compliquer la tâche des dirigeants du SPD. Après leur revirement de vendredi, ces derniers devront maintenant s’efforcer d’obtenir le plus de concessions possibles de la part des conservateurs s’ils veulent que les adhérents du parti, comme ils s’y sont engagés, acceptent l’entrée d’une nouvelle « grande coalition » au terme des négociations. Ces dernières auront lieu dans les prochaines semaines et auront pour objet la rédaction de la feuille de route du futur gouvernement.