Le 14 novembres, des perquisition ont été menées au siège parisien du cimentier. L’enquête, menée depuis juin par trois juges d’instruction des pôles financier antiterroriste de Paris. / Francois Mori / AP

Trois cadres de Lafarge ont été placés en garde à vue dans l’enquête sur les activités en Syrie du cimentier franco-suisse, soupçonné d’avoir indirectement financé des groupes djihadistes, dont l’organisation Etat islamique (EI). Ils sont entendus par le Service national de douane judiciaire (SNDJ), chargé de l’enquête, selon des sources proches de l’enquête à l’Agence France-Presse, confirmant une information de France Inter, mercredi 29 novembre.

Il s’agit des premières gardes à vue dans cette affaire révélé en juin 2016 par Le Monde. A l’issue de ces auditions, les gardes à vue peuvent être levées sans poursuites, ou aboutir à une présentation devant les trois juges d’instruction chargés du dossier. Parmi les gardés à vue se trouvent le directeur de la cimenterie de 2008 à 2014, et son successeur, qui a repris la direction du site à partir de l’été 2014.

Liens avec différentes organisations djihadistes

Les enquêteurs s’attachent à déterminer les liens qu’a pu entretenir Lafarge, notamment avec l’EI, pour continuer à faire fonctionner en 2013 et 2014 sa cimenterie de Djalabiya, dans le nord du pays, en plein conflit syrien. Lafarge est aussi soupçonné d’avoir acheté du pétrole à différentes organisations djihadistes, là encore pour que ces dernières lui permettent de poursuivre son activité.

Les enquêteurs cherchent aussi à savoir si des responsables de l’entreprise en France, qui a fusionné en 2015 avec le Suisse Holcim, ont eu connaissance de tels accords et du danger qu’ils ont pu faire courir aux employés syriens sur place. Le 14 novembres, des perquisition ont été menées au siège parisien du cimentier.

Dans un rapport, le SNDJ avait estimé que la direction française du groupe « a validé ces remises de fonds en produisant de fausses pièces comptables ».