Staffan de Mistura (debout, à gauche), émissaire spécial de l’ONU pour la Syrie, lors des négociations intersyriennes de Genève, le 30 novembre 2017. / POOL / REUTERS

Ce sont de petites avancées et l’émissaire spécial de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, n’hésite pas à s’en prévaloir, même si elles restent symboliques. A défaut d’un vrai face-à-face, pour la première fois depuis que le diplomate italo-suédois est chargé des pourparlers de Genève en 2016, la délégation du régime et celle de l’opposition se sont réunies, jeudi 30 novembre, simultanément dans deux grandes salles contiguës dans le bâtiment principal du Palais des nations.

« Une rencontre de proximité, parallèle, très proche (…) et nous avons fait des allers et retours entre les deux salles qui n’étaient séparées que de cinq mètres », a expliqué, visiblement ravi, le médiateur qualifiant de « professionnelle et sérieuse » l’atmosphère dans laquelle se déroule cette huitième session de pourparlers.

Les deux parties n’auraient pas été averties à l’avance qu’elles seraient exactement au même moment au même endroit. Tout a été fait pour éviter qu’elles se croisent et prévenir tout incident embarrassant. Ce n’en est pas moins un beau coup pour l’image de Staffan de Mistura, alors que les discussions semblaient complètement enlisées.

Transition

Il n’y avait rien eu de semblable depuis 2014 lors des négociations intersyriennes sous l’égide de l’ONU présidées par le diplomate algérien Lakhdar Brahimi qui, las des multiples blocages, avait cependant fini par jeter l’éponge en mai 2014. Cette nouvelle session de pourparlers devrait se prolonger jusqu’au 15 décembre même si la délégation du régime devrait rentrer quelques jours à Damas afin d’avoir des consultations.

Le médiateur de l’ONU espère faire endosser rapidement aux deux parties « douze principes centraux ». « Ils sont essentiels parce qu’ils renvoient à ce que pourrait être une vision partagée du genre de Syrie où les Syriens voudraient vivre », a expliqué M. de Mistura qui s’est refusé à entrer dans les détails. Il s’agit de notions très génériques – intégrité nationale, souveraineté, égalité hommes-femmes, respect de toutes les religions, multiethnicité, etc. – qui ne peuvent être refusées ni par l’opposition ni par le régime, d’autant que rien de précis n’est évoqué pour leur mise en œuvre. « Depuis les toutes premières discussions, il y a cinq ans, ces points ont fait consensus, et il n’y a rien de bien nouveau », regrette un diplomate occidental.

Les discussions des quinze prochains jours devraient porter sur l’application de la résolution 2254 du Conseil de sécurité de décembre 2015. Elle prévoit notamment une transition sans que le départ de Bachar Al-Assad soit un préalable, l’élaboration d’une nouvelle Constitution, puis la tenue d’élections sous le contrôle des Nations unies. Les positions restent diamétralement opposées sur tous ces points. Le régime se sent en position de force et n’acceptera que quelques réformes de façade. La question des élections, et surtout de qui pourra y participer, est tout aussi cruciale, alors qu’il y a sept millions de Syriens réfugiés à l’étranger et autant de déplacés à l’intérieur du pays.