Le congrès de l’AfD se déroule samedi 2 et dimanche 3 décembre à Hanovre. / HANNIBAL HANSCHKE / REUTERS

L’extrême droite allemande se réunit en congrès samedi 2 et dimanche 3 décembre à Hanovre, pour se doter d’une nouvelle direction dans l’espoir de capitaliser sur les déboires politiques d’Angela Merkel.

Thomas Wieder, correspondant du Monde en Allemagne, assiste à cette réunion de 600 délégués d’Alternative pour l’Allemagne (AfD) :

  • En position de force

L’AfD a provoqué un séisme politique lors des élections législatives du 24 septembre en entrant à la chambre des députés avec 12,6 % des voix et 92 représentants, du jamais vu depuis la Seconde Guerre mondiale. Le parti est également présent dans 14 des 16 parlements régionaux.

Depuis deux mois, la formation se délecte des difficultés de la chancelière qui, après douze ans à la tête du pays, est sortie très affaiblie des législatives et peine à former une majorité gouvernementale dans un paysage politique émietté.

  • Sous haute surveillance policière

Des manifestations en marge du congrès ont été dispersées au canon à eau. / Peter Steffen / AP

En marge du congrès qui a débuté samedi matin, plusieurs centaines de manifestants ont tenté de bloquer l’accès au rassemblement, avant que la police ne fasse usage de canons à eau pour libérer la chaussée.

Au total, 8 500 opposants sont attendus à Hanovre, où ils entendent donner de la voix contre les positions anti-migrants de l’AfD. Des milliers de policiers ont été mobilisés pour éviter tout débordement et le syndicat de police GdP a appelé au calme, après des échauffourées qui avaient éclaté lors du congrès du parti en avril à Cologne, où plusieurs policiers avaient été blessés.

  • Un choix entre un « dur » et un modéré

Le parti va également tenter d’apaiser le climat en interne, où se déchirent depuis des années l’aile la plus radicale et les tenants d’une ligne plus modérée. Dès le lendemain des législatives, la coprésidente du parti, Frauke Petry, a claqué la porte pour protester contre la dérive droitière du parti. Créé en 2013 sur une plateforme anti-euro, l’AfD n’a depuis cessé de se radicaliser, en surfant sur la crise des réfugiés.

Alexander Gauland, au centre, représente l’aile « dure » qui souhaite obtenir la coprésidence du parti avec Jorg Meuthen (à droite). / Michael Sohn / AP

Pour tenter de réconcilier les différentes tendances, le parti a opté pour une direction collégiale d’au moins deux personnes. La bataille fait rage pour le deuxième poste au côté de l’actuel coprésident Jörg Meuthen, un élu de l’ouest du pays, professeur d’économie aux allures de notable. L’aile modérée souhaite imposer le patron de l’AfD Berlin, Georg Pazderski, un ancien colonel de l’armée allemande. Mais la frange la plus nationaliste entend faire élire un « dur ». A 73 ans, Alexander Gauland, qui milite pour la fin de la repentance allemande pour les crimes nazis, pourrait en profiter pour obtenir le poste.

  • Des motions antijuifs et antimusulmans

Côté programme, les délégués débattront de plusieurs motions, dont l’une appelant à interdire la circoncision des jeunes garçons, pratiqués par les musulmans et les juifs. Une autre réclame une définition beaucoup plus restreinte de l’antisémitisme, afin de permettre davantage de critiques contre les juifs dans le pays sans risquer les tribunaux. Récemment, le parti a aussi suscité un tollé en appelant au renvoi immédiat en Syrie de dizaines de milliers de réfugiés, soutenant que « de grandes parties » du pays étaient désormais sûres.