L’autopsie du corps de Slobodan Praljak a permis de lever le voile sur le contenu de la fiole que le Croate de Bosnie a avalé dans le but de se suicider lors de son jugement, mercredi, à La Haye. Le parquet néerlandais a annoncé, vendredi 1er décembre, que Slobodan Praljak est mort d’une insuffisance cardiaque causée par du cyanure.

Au moment où le tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) à La Haye rendait mercredi son ultime jugement, Slobodan Praljak s’est soudainement donné la mort à l’aide d’une fiole de « poison », a raconté son avocat. Il venait de recevoir confirmation de sa condamnation à vingt ans de prison pour des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis pendant la guerre en Bosnie (1992-1995).

« Les résultats préliminaires des analyses toxicologiques ont montré que M. Praljak avait une forte concentration de cyanure de potassium dans le sang », a expliqué le parquet dans un communiqué après l’autopsie. Cette dernière a été réalisée à Rijswijk, près de La Haye, à l’Institut médico-légal néerlandais, reconnu comme l’un des plus importants laboratoires de médecine légale au monde.

Deux experts croates ont également été dépêchés sur place, « à la demande du TPIY », pour « observer », a fait savoir un des porte-parole du parquet, Vincent Veenman.

Un suicide assisté ?

Parallèlement, une enquête interne du TPIY commencera la semaine prochaine en complément de l’enquête du parquet néerlandais, sollicitée par le tribunal après le dramatique incident qui a provoqué la stupeur dans ses couloirs feutrés. Dès le début, l’enquête, jugée exceptionnelle, diligentée par le parquet néerlandais, s’est orientée sur « l’aide au suicide et la violation » de la réglementation sur les substances médicales.

Les enquêteurs ignorent pour le moment comment Slobodan Praljake a pu se retrouver en possession de cette fiole contenant un liquide marron. Une question reste encore en suspens : comment l’accusé a-t-il pu déjouer tous les contrôles de sécurité érigés entre sa cellule et la salle d’audience ?

Selon Goran Sluiter, un avocat néerlandais professeur de droit international à l’université d’Amsterdam, Slobodan Praljak s’est procuré la fiole soit au centre de détention, en « économisant » peu à peu sur un médicament administré dans le cadre d’un traitement, soit pendant le transport vers le tribunal, soit au sein même du TPIY. « Quoi qu’il en soit, il a forcément eu de l’aide pour avoir cette fiole en sa possession en salle d’audience », a-t-il ajouté.

De l’aide, peut-être, mais « cela peut venir de nombreuses personnes », a souligné Diana Goff, une experte en droit et chercheuse à l’Institut Clingendael. Les détenus du TPIY « peuvent recevoir des visites de responsables religieux, de médecins, d’amis, de membres de la famille » et « il est très facile de faire entrer ou sortir de la contrebande dans les prisons en général, donc ce n’est pas un problème du TPIY ».