Spectacle sur France 3 à 0 h 30

Les parapluies de Cherbourg
Durée : 03:19

Cinquante ans après la consécration du film de Jacques Demy au Festival de Cannes (Palme d’or 1964), Les Parapluies de Cherbourg étaient à l’affiche du Théâtre du Châtelet dans une version inédite. Avec une partition de Michel Legrand ayant subi un recadrage symphonique.

Comme dans le générique du film, les bois exposent en petit comité le thème principal de l’œuvre. Une ambiance intimiste vite rompue par l’entrée sur le plateau de personnages munis de parapluies. Parmi eux, Michel Legrand. Le compositeur de 82 ans va diriger l’Orchestre national d’Ile-de-France qui occupe le fond de scène.

Le parti adopté dans la production du Châtelet fait la part belle à la musique, sur un plan tant visuel qu’esthétique. Celle-ci donne le ton et même davantage. Le style de Michel Legrand, du Bach mâtiné de jazz, ne se fixe pas autrement que dans la mémoire. Sa signature, reconnaissable entre mille, est d’essence volatile. La délicate mise en espace conçue par Vincent Vittoz est de même nature, qui se déploie en usant avec habileté de décors en noir et blanc à peine esquissés par le dessinateur Sempé.

Laurent Naouri (Cassard)et Natalie Dessay (Madame Emery), dans « Les Parapluies de Cherbourg », en 2014, au Théâtre du Châtelet, à Paris.

Les personnages évoluent en apesanteur. Leur présence est avant tout vocale. Sous cette forme séduisante, Les Parapluies de Cherbourg inaugurent un genre indéfini et autonome. Ni adaptation de film ni ersatz d’opérette et, encore moins, de comédie musicale. On manque toutefois d’y basculer lors du duo qui marque la séparation de Guy et Geneviève.

La jeune Marie Oppert (17 ans) abuse alors d’un phrasé appuyé qui rend momentanément anonyme son joli travail d’appropriation du rôle… de Catherine Deneuve. Vincent Niclo lui oppose un Guy homogène mais aussi « standard ». Natalie Dessay, qui surjoue dans des poses de théâtre de boulevard, heureusement compensées par des mimiques impayables, donne la meilleure voix qui soit à la mère de Geneviève, nuancée, ferme et non datée.

Laurent Naouri incarne, lui, à la perfection Roland Cassard. Quant à Louise Leterme (excellente Madeleine), elle est le pendant vocal du Michel Legrand… des années 1960. Celui de 2014 ne chante pas au Châtelet mais il y provoque une standing ovation. Ses Parapluies ne sont pas près d’être démodés.

Les Parapluies de Cherbourg, comédie musicale enregistrée au Théâtre du Châtelet, à Paris, en septembre 2014. Musique de Michel Legrand et livret de Jacques Demy (France, 105 min).