Les Français parviennent à mettre de côté 1 190 euros, en moyenne par an / JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP

Les Français seraient de moins en moins fourmis, si l’on en croit le dernier rapport du groupe Allianz « Rendements des actifs privés dans certains pays de la zone euro », qui présente le comportement face à l’épargne des ménages dans neuf pays européens depuis 2003. Ils mettent de côté en moyenne 1 190 euros par an, soit une chute d’environ 40 % par rapport au niveau de 2003.

Entre 2012 et 2016, les Français n’ont consacré que 1,8 % de leurs actifs financiers à épargner contre 4 % entre 2003 et 2007. « Pendant la crise, nos compatriotes se sont imposés une diète supplémentaire pour constituer une épargne de précaution. Depuis 2012, ils ont eu le sentiment qu’en raison de la politique monétaire menée par la Banque centrale européenne, l’épargne ne rapportait plus rien. Ils ont donc pioché dedans pour consommer, renouveler des biens d’équipement comme l’automobile ou faire des transferts intergénérationnels », explique Ludovic Subran, chef économiste adjoint du groupe Allianz.

« Se tourner vers des investissements plus risqués »

Pourtant, le rendement moyen annuel de l’épargne des Français s’est élevé à 3,8 %, déduction faite de l’inflation, selon Allianz, ce qui situe la France en milieu de classement. « La structure de l’épargne des Français a été protectrice. En revanche, le peu d’appétit des Français pour la Bourse ne leur a pas permis de bénéficier de la récente hausse des marchés d’actions », note M. Subran.

Parmi les neuf pays étudiés, les Finlandais ont surclassé les autres avec des rendements moyens de 6,6 %. L’explication est simple : plus d’un tiers de leur portefeuille était composé d’actions. En revanche, les épargnants allemands, portugais et autrichiens ont dû se contenter d’un rendement moyen réel respectivement de 2,4 %, 2,3 % et 1 %. Si ce dernier chiffre s’explique par la performance négative de la Bourse de Lisbonne, les autres traduisent la part importante des dépôts bancaires — peu ou pas rémunérés — dans les bas de laine allemands ou autrichiens.

« En période de faiblesse extrême des taux, les épargnants doivent se montrer plus audacieux. Il est nécessaire de faire une croix sur les livrets d’épargne peu rémunérateurs et se tourner vers des investissements plus risqués pour obtenir de meilleurs rendements », écrit Kathrin Brandmeir, coauteure de l’étude d’Allianz. Une révolution pour l’épargnant français peu enclin à investir en Bourse.