L’essentiel

  • Au lendemain de la mort de l’ex-président Ali Abdallah Saleh, leur ancien allié qui était devenu leur adversaire, les rebelles houthistes – issus de la minorité zaïdite, une branche du chiisme – renforcent leur emprise sur Sanaa, la capitale yéménite : ils ont pris le contrôle de tous les sites tenus par les partisans de Saleh.
  • Cinq ONG internationales – Handicap International (HI), Action contre la faim, Care, Actes et Médecins du monde – demandent la « cessation immédiate des hostilités » et un « accès total » aux civils piégés dans les combats à Sanaa.
  • Des avions chargés d’aide humanitaire se sont posés à Sanaa, a écrit Robert Mardini, directeur du CICR au Proche-Orient, sur Twitter.

Quelques milliers de partisans des rebelles houthistes ont célébré mardi dans la capitale yéménite Sanaa « l’échec du complot » ourdi, selon eux, par leur ancien allié, l’ex-président Ali Abdallah Saleh. / Hani Mohammed / AP

Le contexte

Après s’être longtemps combattus, les miliciens houthistes, soutenus par l’Iran, et le parti Congrès populaire général de M. Saleh s’étaient alliés en 2015. Leur but était de faire face à l’intervention militaire d’une coalition conduite par l’Arabie saoudite visant à rétablir au pouvoir le président Abd Rabbo Mansour Hadi, reconnu par la communauté internationale. Depuis, les deux camps contrôlaient conjointement Sanaa, le gouvernement de M. Hadi s’étant réfugié dans le Sud.

Or, samedi, l’ancien président Saleh avait tendu la main à Riyad, se disant prêt à « tourner la page » de ses relations conflictuelles avec l’Arabie saoudite. Il espérait obtenir en échange une levée du blocus qui étrangle le Yémen et cause la « pire crise humanitaire du monde », selon l’ONU. Les houthistes ont considéré cette initiative comme une « grande trahison », menant à la violente rupture de leur alliance avec M. Saleh, et conduisant à des affrontements meurtriers dans la capitale.

Le chiffre

234

Les combats qui ont éclaté il y a près d’une semaine à Sanaa, la capitale du Yémen, ont fait 234 morts et 400 blessés, dont 383 gravement atteints, selon un bilan communiqué mardi par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). La guerre au Yémen a fait plus de 8 750 morts depuis mars 2015 et l’intervention d’une coalition militaire emmenée par Riyad contre les houthistes. Le pays connaît « la pire crise humanitaire de la planète » : 17 millions de personnes nécessitent de l’aide alimentaire dont 7 millions risquent la famine, selon l’ONU.

La citation

Les développements au Yémen peuvent « contribuer à faire bouger les lignes et ainsi conduire à de nouvelles opportunités pour une relance du processus politique ».

François Delattre, l’ambassadeur français à l’ONU, s’est exprimé avant une réunion à huis clos du Conseil de sécurité sur le Yémen. Il n’a pas précisé ce qu’il entendait par ces « nouvelles opportunités ». Il a cependant ajouté : « La première priorité (…) est de faire taire les armes et de permettre un accès humanitaire complet, immédiatement, sur l’ensemble du territoire yéménite et via l’ensemble de ses ports et aéroports. »

Et après ?

Assigné à résidence aux Emirats arabes unis, alliés de l’Arabie saoudite, le fils d’Ali Abdallah Saleh a appelé les Yéménites à venger son père, dans un discours diffusé par une chaîne saoudienne, Al Ekbaria : « Je conduirai la bataille jusqu’à ce que le dernier houthiste soit chassé du Yémen. » Le président iranien, Hassan Rohani, a déclaré que les Yéménites allaient faire regretter leurs actions aux « agresseurs », allusion à l’Arabie saoudite. Le gouvernement saoudien a dit espérer voir le Yémen débarrassé « des milices terroristes soutenues par l’Iran ».