Lei Jun, PDG de Xiaomi, en février 2017. / NICOLAS ASFOURI / AFP

Le fabricant chinois de smartphones Xiaomi a entamé des discussions avec des banques d’affaires en vue de son introduction en Bourse. Selon l’agence Bloomberg, qui a pu s’entretenir avec des sources proches du dossier, l’opération pourrait valoriser l’entreprise à 50 milliards de dollars (42 milliards d’euros). Elle devrait intervenir au courant de l’année 2018, probablement à la Bourse de Hongkong. Il s’agirait de la plus importante mise en Bourse d’un groupe technologique depuis celle, en septembre 2014, du géant chinois de la vente en ligne Alibaba à Wall Street.

Créée en 2010, Xiaomi a profité pleinement de l’essor du marché du smartphone en Chine, où les ventes ont plus que quadruplé entre 2010 et 2015, à 430 millions d’unités écoulées. Au faîte de sa gloire, Xiaomi était considérée en 2014 comme la start-up la mieux valorisée du monde (46 milliards de dollars). Il faut dire que le fabricant – qui commercialise par ailleurs toute une gamme de produits d’électronique grand public – était parvenu à occuper la première place en Chine, s’accaparant 17 % du marché en 2015. Mais depuis, il subit de plein fouet la concurrence de ses rivaux locaux, Huawei, Oppo et Vivo, qui l’ont relégué à la quatrième place sur le marché chinois.

Après une année 2016 particulièrement éprouvante qui a vu la part de marché de l’entreprise tomber en dessous de 10 %, Lei Jun, le patron de Xiaomi, a effectué début 2017 son mea culpa : « Nous avons voulu aller trop loin, trop vite. Nous devons ralentir, continuer à nous consolider sur certains marchés et construire une croissance durable pour nous assurer un avenir à long terme », écrivait-il.

Objectif : investir dans la distribution physique

Parmi les faiblesses identifiées : la distribution. Alors que la marque s’est concentrée à sa création sur les ventes en ligne – popularisant les ventes flash, depuis imitées par ses concurrents –, elle estime désormais que cette stratégie a atteint ses limites. Elle a donc décidé d’investir dans la distribution physique, avec l’objectif de disposer d’un millier de points de vente dans le monde d’ici 2019. L’entreprise a aussi souffert de problèmes d’approvisionnement, qui l’ont conduite à se lancer dans une vaste réorganisation de ses processus de fabrication.

La levée de fonds issue de l’introduction en Bourse doit lui permettre de conduire cette transformation, et ainsi faire de Xiaomi un géant mondial, à l’image de Huawei. Aujourd’hui, cette internationalisation passe essentiellement par l’Inde, où le groupe a effectué une importante percée : en à peine trois ans, il a réussi à se hisser à la première place à égalité avec Samsung et réalise un milliard de dollars de revenus sur ce marché en très forte croissance, les volumes devraient doubler d’ici à 2020. Au total, Xiaomi génère 90 % de ses ventes sur les seuls marchés chinois et indiens.

Même si elle continue d’avoir des velléités sur les marchés européens et américains, la direction concentre pour l’instant ses efforts sur des marchés tels que la Russie, l’Ukraine ou l’Indonésie. « Nous voulons commencer par les marchés “périphériques” et progressivement aller vers les marchés occidentaux », expliquait en mars Lei Jun, ajoutant qu’« une expansion trop hâtive ne causera que des problèmes ».

Convaincre de la qualité de ses produits

Autre défi, convaincre de la qualité de ses produits, ceux-ci ayant longtemps été qualifiés de médiocres copies d’iPhone. Mais le constructeur a depuis beaucoup investi en recherche et développement. Il fait ainsi parti des quatre constructeurs mondiaux à fabriquer lui-même ses processeurs et il mise sur l’intelligence artificielle pour le développement de ses futurs produits.

Les mesures prises au cours des douze derniers mois pour relancer la croissance de l’entreprise semblent porter leurs fruits. Outre le succès rencontré en Inde, les ventes sont reparties à la hausse de manière spectaculaire en Chine. Elles ont bondi de plus de 56 % au troisième trimestre 2017 par rapport à l’année précédente, selon les chiffres présentés par le cabinet IDC en novembre. Des bons chiffres qui permettent à Xiaomi de réintégrer le top 5 des constructeurs mondiaux, avec 7,4 % de parts de marché derrière, Oppo (8,2 %), Huawei (10,5 %), Apple (12,5 %) et Samsung (22,3 %). Et d’afficher de nouveau des objectifs ambitieux : sur l’année 2018, le constructeur espère pour la première fois franchir la barre des 100 millions de smartphones vendus.