Le Boost cache bien son jeu. Comme tout Lego, il attire immédiatement la sympathie et on imagine mal un enfant repousser son énorme boîte. Pourtant, il caresse de sournoises intentions pédagogiques : marier l’apprentissage des bases de la programmation au plaisir de jouer. Et découvrir au passage les ressorts de la robotique.

Construire un petit robot

Les pièces du Boost permettent de fabriquer cinq jouets. Le principal est un petit robot qui rappelle l’adorable robot de Wall-E, le film d’animation de Pixar. Ses pièces sont toutes petites, il est donc relativement compliqué à assembler : quelques heures sont nécessaires pour en venir à bout.

Haut comme trois pommes, il se déplace dans toutes les directions grâce à sa paire de chenilles. Sa tête et ses sourcils sont mobiles et leurs expressions sont fort sympathiques. Plein de ressources, il peut tourner sur lui-même, lancer un projectile sur une cible, danser en agitant un maracas, souhaiter le bonjour, ou prononcer des phrases enregistrées par son propriétaire avec une voix robotisée. Plus laborieusement, il peut pousser un palet de hockey ou boxer une cible.

Nicolas Six pour Le Monde

Expérimenter les bases de la programmation

Au déballage, ces tours de passe-passe sont verrouillés. Il faut les débloquer en les programmant sur une tablette grâce à une application. Il n’est pas nécessaire de savoir lire, on programme en glissant sur l’écran de petits blocs aux fonctions symbolisées par de petits dessins. Leur enchaînement logique détermine le comportement du robot. Les enfants pourront par exemple le programmer pour qu’il danse et prononce une phrase lorsqu’on claque dans les mains.

Déballage du Lego Boost.
Durée : 00:55

Au passage, on découvre les principes de base de la programmation : boucles, compteurs, tâches parallèles, conditions, déclencheurs. Ainsi, pour lancer une action de la part du robot, il faut programmer une action précise : serrer la main du robot, le faire tourner jusqu’à l’étourdissement, s’en rapprocher jusqu’à 10 cm, lui montrer une brique de couleur, ou claquer dans les mains.

Les enfants persévérants, à force d’utiliser ces outils dans différents contextes, finiront par les comprendre et les mémoriser. Plus tard, ces apprentissages faciliteront leur découverte des langages de programmation plus évolués.

Difficulté progressive

Le Boost évite de noyer l’enfant dans la complexité. Au départ, quelques briques de programmation seulement sont disponibles. Pour en débloquer de nouvelles — qui peuvent être des actions, des combinaisons d’actions, des déclencheurs, des boucles… — il faut mener à bien des activités. Plus on expérimente, plus le nombre de possibilités augmente, jusqu’à franchir le cap des cent briques. Toutes les activités ne sont pas passionnantes, mais les temps faibles sont bien équilibrés avec des séquences amusantes.

L’application du Boost laisse une certaine liberté aux enfants. Après chaque activité, certains continueront à manipuler les briques dans tous les sens, quand d’autres passeront à l’activité suivante à la première occasion. Les plus curieux découvrent vite le bac à sable : un espace vide où l’on peut laisser libre cours à sa créativité, en imaginant des programmes totalement nouveaux.

Si les instructions de montage affichées sur tablette sont claires — Lego a pris soin de séparer les briques en onze paquets numérotés —, certains enfants pourront être rebutés par cette phase de construction, assez complexe, où l’on se contente d’obéir aux schémas en comprenant rarement ce que l’on fait. Heureusement, le montage de chaque objet est divisé en trois étapes. Après chaque étape, l’application propose une petite expérience amusante et on ne passe jamais plus d’une heure sans lancer une activité.

Une guitare, un petit chat, un tracteur…

Quatre autres jouets attirants peuvent être fabriqués avec les mêmes pièces. Un petit chat qui boit un biberon et ronronne quand on le caresse, un minibanjo qui produit des notes lorsqu’on fait glisser son manche, un tracteur et une usine de fabrication.

Pour assembler le chat il faut cependant démembrer le robot. Et lorsqu’on démonte un robot, les pièces sont mélangées, rendant la construction plus complexe.

Ces cinq robots permettent d’explorer à fond les possibilités des capteurs du Boost : une petite caméra qui mesure la distance des objets, détecte leur couleur et leur mouvement, ainsi qu’un capteur sonore, qui est en réalité le microphone de la tablette.

L’application Lego Boost est gourmande et vide la batterie de la tablette en trois ou quatre heures. Le robot lui-même utilise six piles AAA (non fournies), qui tiennent heureusement plusieurs dizaines d’heures.

Un jouet qui ne sera pas un compagnon quotidien

Le Boost offre une durée de jeu variable selon les enfants : de quelques heures à plus de cent. Mais ce Lego deviendra difficilement un compagnon du quotidien. Le Boost n’a pas de cerveau, ni d’oreilles, ni de bouche : son intelligence est contenue dans la tablette qui l’anime. Même lorsqu’on laisse cette dernière branchée en permanence, les possibilités d’interaction sont limitées. Le Boost ne prend pas d’initiative. Il n’est pas doué de la reconnaissance vocale. On aimerait, par exemple, pouvoir le programmer pour engager de petits dialogues scénarisés.

Pour prolonger sa vie, on conseillera aux enfants de programmer de petites blagues à destination de la famille, ou de le déguiser, voire de lui fabriquer des accessoires : boucliers, chapeaux, épées. En revanche, à moins d’être un petit génie de l’ingénierie, difficile d’imaginer un objet radicalement nouveau avec les pièces fournies.

En résumé :

Pari réussi : le Boost est un jouet très amusant et un bel outil d’apprentissage, capable de s’adapter au rythme de chaque enfant. Il développera leur logique, les préparera à la programmation et les éveillera à la robotique. Le Boost est capable d’attirer la plupart des enfants, grâce à ses différents déguisements : robot, petit chat, guitare, etc.

Malheureusement, à 130 €, c’est un objet coûteux. D’autant plus qu’il a besoin d’une tablette tactile relativement récente pour fonctionner. Il se destine surtout aux enfants curieux et persévérants, qui mieux que d’autres, sauront en tirer la substantifique moelle. Le Boost peut être offert à partir de 5 ans, à condition qu’un parent accompagne l’enfant, mais ce n’est qu’à partir de dix ans que les enfants pourront s’y attaquer de manière autonome, grâce à leurs progrès en dextérité et en lecture de schémas de construction.

Ce jouet n’est cependant pas réservé aux enfants : on prend plaisir à y jouer au moins jusqu’à 15 ans, voire 30, et même 60 ! Comparativement aux Lego Technic d’antan, le Boost est plus sophistiqué, plus astucieux et donne envie de retomber en enfance.