Le président Donald Trump a ignoré les mises en garde face à sa décision. / Manuel Balce Ceneta / AP

Ignorant les multiples mises en garde, le président américain, Donald Trump a pris une décision historique, mercredi 6 décembre, en reconnaissant Jérusalem comme la capitale d’Israël :

« L’heure est venue pour les Etats-Unis de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël. »

Revendiquant « une nouvelle approche » sur le conflit israélo-palestinien, il avait estimé un peu plus tôt dans la journée que cette décision, qui risque d’enflammer la région, aurait dû être prise « depuis longtemps ».

Il a aussi ordonné de préparer le transfert de l’ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem. Il n’a pas fixé de calendrier pour ce déménagement, qui devrait prendre des années.

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En reconnaissant Jérusalem comme capitale d’Israël, une promesse de campagne, Trump rompt avec des décennies de diplomatie américaine et internationale.

Les mises en garde avaient pourtant de nouveau afflué mercredi. Le pape François avait fait part de sa « profonde inquiétude » :

« J’adresse un appel vibrant pour que tous s’engagent à respecter le statu quo de la ville, en conformité avec les résolutions pertinentes de l’ONU»

Le souverain pontife accorde un intérêt tout particulier à la ville, qui abrite les lieux les plus saints des trois grandes religions monothéistes, y compris le Saint-Sépulcre. De son côté, l’Iran, bête noire de Donald Trump, avait déclaré qu’il « ne tolérera pas une violation des lieux saints musulmans ».

Ces voix ne sont que quelques-unes de celles qui se sont élevées pour s’alarmer notamment du risque de violences causé par la question de Jérusalem, chaudron diplomatique. La communauté internationale n’a jamais reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël et considère Jérusalem-Est comme un territoire occupé. Israël proclame tout Jérusalem, Ouest et Est, comme sa capitale « éternelle et indivisible ».

Drapeaux américains brûlés

Les groupes palestiniens avaient appelé à trois « jours de rage ». Dans la bande de Gaza, des centaines de Palestiniens en colère ont brûlé des drapeaux américains et israéliens et des portraits de Donald Trump. Un rassemblement est prévu jeudi à Ramallah, en Cisjordanie, territoire occupé par l’armée israélienne depuis cinquante ans.

Dans son discours, mercredi, Donald Trump a appelé au « calme » et à la « tolérance », et a promis de faire tout son possible pour un accord de paix israélo-palestinien. Il a confirmé que le vice-président Mike Pence, se rendrait au Proche-Orient « dans les jours à venir ».

Le président ne fait là que reconnaître « une réalité » à la fois historique et contemporaine, avait justifié plus tôt un responsable américain sous couvert d’anonymat. Dans un apparent souci d’apaiser les Palestiniens, Donald Trump s’est dit prêt à soutenir « une solution à deux Etats », avait précisé ce responsable. Jusqu’ici, le président des Etats-Unis s’est gardé d’adhérer à l’idée d’un Etat palestinien indépendant, une solution référence de la communauté internationale.

Toute reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël est un casus belli pour les dirigeants palestiniens, qui revendiquent Jérusalem-Est, occupée puis annexée par Israël, comme la capitale de l’Etat auquel ils aspirent.

L’Autorité palestinienne, interlocutrice des Etats-Unis, d’Israël et de la communauté internationale, avait prévenu que les Etats-Unis se discréditeraient comme intermédiaire impartial de toute entreprise de paix et que l’effort actuellement mené par les collaborateurs de Donald Trump pour tenter de ranimer une dynamique moribonde serait considéré comme terminé.