Le président français, Emmanuel Macron (le bras levé) effectue, mercredi 6 décembre, son premier déplacement officiel en Algérie. / OLIVIER LABAN-MATTEI / MYOP / « Le Monde »

Un déplacement surveillé à la loupe. Emmanuel Macron a commencé, mercredi 6 décembre, sa première visite en tant que président français en Algérie. L’avion présidentiel a atterri en milieu de matinée à Alger, où M. Macron a été accueilli par le président de la Chambre haute et deuxième personnage de l’Etat, Abdelkader Bensalah, le premier ministre, Ahmed Ouyahia, et le chef de la diplomatie, Abdelkader Messahel.

« Je reviens dans l’état d’esprit d’un ami de l’Algérie, d’un partenaire constructif qui souhaite renforcer nos liens (…) pour faire fructifier une relation déjà dense », a expliqué Emmanuel Macron dans une interview conjointe aux quotidiens francophone El Watan et arabophone El Khabar, publiée mercredi.

Le rapport entre la France et l’Algérie doit être « un partenariat d’égal à égal », a poursuivi le président français alors que la « question de la mémoire » des cent trente-deux ans de colonisation (1830-1962) et de la guerre d’Algérie pèse toujours sur les relations. « Nos deux pays partagent une histoire forte », a rappelé M. Macron, premier président de la VRépublique né après la guerre d’Algérie (1954-1962), qui avait qualifié la colonisation de « crime contre l’humanité » lors d’une visite à Alger durant la campagne présidentielle française.

« Je connais l’histoire, mais je ne suis pas otage du passé. Nous avons une mémoire partagée. Il faut en tenir compte. Mais je souhaite désormais, dans le respect de notre histoire, que nous nous tournions ensemble vers l’avenir. »

La France et l’Algérie doivent construire « un axe fort (…) autour de la Méditerranée qui se prolonge vers l’Afrique » et relevé les nombreux « champs de coopération prometteurs » entre les deux pays dans le domaine économique, a-t-il également souhaité. « L’Algérie doit s’ouvrir d’avantage. Il y a encore beaucoup de freins à l’investissement », a-t-il noté, alors que la France reste le premier employeur étranger en Algérie, mais perd des parts de marché face à la Chine et d’autres.

Les crises au Sahel et en Libye au menu

Après avoir déposé une gerbe au monument des martyrs de la guerre d’Algérie, Emmanuel Macron est ensuite allé, à pied, au contact des habitants dans une rue du centre de la capitale, Alger, où son passage a été accueilli par de nombreux youyous. Dans l’après-midi, le président français rendra visite à son homologue, Abdelaziz Bouteflika, 80 ans, dans sa résidence médicalisée de Zéralda, en banlieue d’Alger.

Alors qu’Alger avait mal pris qu’Emmanuel Macron choisisse, dès le début de juin, le Maroc pour son premier déplacement au Maghreb, cette visite « d’amitié et de travail » était très attendue. Elle ne durera finalement qu’une douzaine d’heures. « Longue attente, court séjour », résumait mercredi le quotidien francophone Liberté.

Lors de ses entretiens avec les dirigeants algériens, le président français devrait aborder les crises au Sahel et en Libye, qui préoccupent fortement Paris et Alger. Emmanuel Macron veut accélérer le déploiement de la force multinationale G5-Sahel (Tchad, Niger, Mali, Burkina Faso et Mauritanie) lors d’une réunion le 13 décembre à Paris. Alger, qui dispose de nombreux relais d’influence dans la région, a parrainé les longues tractations ayant abouti en 2015 à un accord de paix au Mali, qui peine à être appliqué, suscitant l’impatience de Paris.

Parallèlement, l’association Les Amis de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, les deux journalistes de Radio France internationale (RFI) tués au Mali en 2013, a dit espérer que la visite du président français à Alger fasse progresser l’enquête, alors que les juges d’instruction soupçonnent les assassins présumés d’être basés dans le sud de l’Algérie.

Emmanuel Macron s’envolera en fin de soirée pour une visite officielle de quelques heures au Qatar au menu de laquelle figureront contrats commerciaux, crise du Golfe et antiterrorisme.