L’avis du « Monde » – pourquoi pas

X Japan a beau avoir joué à Paris, on peut s’intéresser au rock et tout ignorer de la carrière, voire de l’existence, de ce groupe japonais de metal pompier (plus proche de Foreigner que d’Anthrax) qui déplace les foules dans son pays depuis plus de trente ans. Je le sais, il a fallu le documentaire de Stephen Kijak pour que je découvre Yoshiki, pianiste, batteur, compositeur, dandy androgyne sans âge (il est aujourd’hui quinquagénaire), et quel beau personnage de cinéma il fait.

En découvrant les tribulations du groupe – qui feraient passer celles des Stooges pour les aventures du Club des cinq –, on comprend tout à fait qu’un cinéaste ait voulu donner forme de film à cette saga : autour de Yoshiki, enfant d’un père qui s’est donné la mort sous ses yeux, s’est agrégé un groupe dont deux membres se sont eux-mêmes suicidés pendant que le chanteur et cofondateur d’X Japan s’est éclipsé pendant plusieurs années après qu’une secte religieuse chrétienne lui eut lavé le cerveau.

Riche imagerie

Malheureusement cette riche imagerie, que viennent compléter le maquillage outrancier des musiciens (entre Kiss et le kabuki), leurs tenues qui évoquent le cosplay d’un space opera jamais écrit et leur musique pleine d’emphase, est servie telle quelle, sans beaucoup d’explications, et encore moins de réflexion. Ce qui rend la tâche du Candide dans le fauteuil très ardue : difficile de savoir ce qui relève du marketing ou de l’angoisse métaphysique ; impossible de déterminer la place d’X Japan sur la scène musicale japonaise, encore moins dans la société japonaise.

Yoshiki est présenté comme un rebelle en guerre contre les normes, et on le découvre au piano, interprétant une espèce de concerto (plus proche de Clayderman que de Ravel) en présence de l’empereur Akihito. Et puis, pour voir ce film, il faut en écouter la musique. C’est une épreuve que toutes les oreilles ne sont pas prêtes à supporter.

WE ARE X - Bande annonce - Au cinéma le 6 décembre
Durée : 01:03

Documentaire américain, japonais et britannique de Stephen Kijak (1 h 30). Sur le Web : fr-fr.facebook.com/WeareXlefilm et www.eurozoomcine.com