Des militants de la Fondation Abbé Pierre placardent des affiches sur une agence du Crédit lyonnais, le 6 décembre 2017 à Paris. / JACQUES DEMARTHON / AFP

La Fondation Abbé Pierre a décidé de partir en croisade contre les équipements urbains, grilles, picots, rochers, poteaux, bancs inconfortables et autres grillages dont le seul but est de dissuader les personnes sans abri de s’installer. Mercredi 6 décembre, elle a lancé une campagne intitulée « Soyons humains ». Tôt le matin, boulevard Saint-Denis à Paris (2e arrondissement), une escouade de militants a placardé sur les vitrines d’une agence bancaire du Crédit lyonnais, dont tous les rebords de vitrines sont hérissés de pics, ses affiches avec le slogan « Au lieu d’empêcher les SDF de dormir ici, offrons-leur un logement ailleurs ». La même opération était organisée en plusieurs sites de la capitale et à Marseille, Montpellier, Metz et Lyon.

« Ces installations se multiplient, avec une inventivité qui fait parfois froid dans le dos », dénonce Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, qui a, par exemple, repéré, au 29, rue des Bourdonnais (Paris, 2e), un porche de garage équipé d’une douche automatique pour tout passant qui s’y aventure, sauf muni du badge d’entrée… Le site est voisin d’un immeuble acquis, dès 1954, par la Fondation Abbé Pierre, aujourd’hui lieu d’accueil géré par Emmaüs Solidarité. Le responsable du parking affirmait, mercredi, au Parisien, avoir tout tenté à l’amiable auprès des sans-abri qui se réfugiaient là avant d’en arriver à cette extrémité.

« Invisibilisation des pauvres »

Ce procédé ne date pas d’hier. En 2006, c’était la ville d’Argenteuil qui utilisait du répulsif ; à Angoulême, en 2014, on grillageait des bancs ; à Marseille, on ne crée aucun point d’eau ni toilettes publiques alors que la Ville de Paris a remis en service ses sanisettes, désormais gratuites.

« La pratique se généralise, sous toutes les formes », accuse Christophe Robert. Et, quand ça ne suffit pas, les maires prennent des arrêtés antibivouac, comme à Nice, ou antimendicité, comme à Tours, tous deux annulés par un tribunal administratif. « Ce n’est pas aux pauvres qu’il faut faire la guerre, c’est à la pauvreté », résume-t-il.

La Fondation Abbé Pierre invite tous les citoyens qui ne sont pas d’accord avec cette « invisibilisation des pauvres » à repérer ces dispositifs, à les photographier avec un smartphone et à adresser le cliché, accompagné du mot-dièse #soyonshumains, au site Soyonshumains.fr qui, grâce à la géolocalisation, en dressera la carte, consultable en ligne.

Une campagne dénonce le mobilier urbain anti-SDF
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