Caroline Corbasson. | ANDREA MONTANO

Caroline Corbasson, 28 ans, n’aime rien tant que contempler la voûte céleste et sonder les mystères du cosmos. Un passe-temps évident quand on a pour grand-père un ingénieur en optique qui a travaillé pour la NASA. L’artiste française, qui expose à la galerie Monteverita, à Paris, a la tête dans les étoiles mais aussi les pieds sur terre. « Je ne suis pas du genre doux-dingue ou rêveuse », prévient-elle. Enfant, elle dessinait les cellules du corps. Etudiante aux Beaux-Arts de Paris et à la Saint Martins School, à Londres, elle s’extrait de l’anatomie pour embrasser la nature. D’où venons-nous ? Qui sommes-nous ? Où allons-nous ? Cette quête des origines soulevée par Paul Gauguin, Caroline Corbasson l’a faite sienne.

Etoiles, trous noirs et autres cataclysmes intergalactiques composent désormais le sujet d’un travail de photos et vidéos qui la conduit dans les observatoires du monde entier, à Paris puis au laboratoire d’astrophysique de Marseille. Cette année, elle a planté son objectif dans l’observatoire du Cerro Paranal, situé dans l’hostile désert d’Atacama, au Chili. « Avec les scientifiques, on a une chose en commun. On cherche à comprendre et expliquer le monde », déclare-t-elle. Si elle a appris à regarder ce dernier par la lunette astronomique, elle ne rechigne pas au contact avec la matière.

« Ce serait le hasard » (2017), une installation de Caroline Corbasson. | SALEM MOSTEFAOUI/MONTEVERITA

Depuis trois ans, la jeune femme récupère poussière et particules du désert, symboles du passage et de la métamorphose qu’elle expose aujourd’hui à la galerie Monteverita. « C’est la poussière stellaire qui est venue fertiliser la vie sur terre », dit-elle doctement. Et l’humain dans tout cela ? Absent des images, il se niche dans la technique. Si Caroline Corbasson use d’une technologie sophistiquée et d’un microscope électronique pour agrandir ses photos, elle choisit des procédés archaïques comme l’émulsion argentique et le tirage au charbon. « J’aime revenir à des procédés simples, indique-t-elle, ramener cette haute technologie à notre niveau et la traduire avec des moyens anciens de sorte qu’on ne puisse pas la dater. » Manière de brouiller à la fois les temps et les échelles.

« Sidereal », par Caroline Corbasson, galerie Monteverita, 127, rue de Turenne, Paris 3e. Jusqu’au 9 décembre. monteverita.com