• Hans Hbrahamsen
    Quatuors à cordes n° 1 à 4

    Quatuor Arditti

Pochette de l’album « Hans Abrahamsen,  Quatuors à cordes n° 1 à 4 » du Quatuor Arditti. / WINTER & WINTER

Le quatuor à cordes britannique vient de connaître les honneurs d’un portrait en trois concerts au Festival d’automne à Paris – tandis que son « boss » et premier violon, Irvine Arditti, devenait lauréat de l’Académie Charles-Cros dans la catégorie « In honorem Musique contemporaine ». Ce nouvel enregistrement consacré aux quatre quatuors à cordes d’Hans Abrahamsen confirme la suprématie des pionniers d’il y a quarante ans. Elève de Norgard et Ligeti, converti au concept de « Nouvelle simplicité », courant anti avant-gardiste, le compositeur danois de 65 ans sera tenté par le néoromantisme avant de trouver sa voie, après dix années de silence. Un style concentré, conjuguant expression poétique et ascèse formelle. Les quatuors d’Abrahamsen couvrent toute sa carrière. Si le dernier de 2012, qualifié par l’auteur de « doux et serein », révèle des atmosphères épurées d’une foisonnante délicatesse, le premier, une œuvre de jeunesse de 1973 est un jaillissement de styles contrastés d’une magistrale volubilité stylistique. Tel le Rimbaud des Illuminations, les Arditti tendent, non de « clocher à clocher » mais d’œuvre en œuvre, cordes et archets. Et ils dansent. Marie-Aude Roux

1 CD Winter & Winter.

  • Fanny Robilliard/Paloma Kouider
    Debussy : Sonate. Szymanowski : Mythes. Hahn : Nocturne. Ravel : Sonate

    Fanny Robilliard (violon), Paloma Kouider (piano)

Pochette de l’album du duo Fanny Robilliard et Paloma Kouider,  « Debussy : Sonate. Szymanowski : Mythes. Hahn : Nocturne. Ravel : Sonate ». / EVIDENCE CLASSICS

Que la musique relève de la magie est un fait indéniable à l’écoute de Fanny Robilliard dont les ensorcelants tours d’archet poussent à s’interroger sur la nature de l’instrument qu’elle utilise. Un violon, certes, mais quel violon ? Capable de faire apparaître Claude Debussy sous les traits d’un Tzigane insoumis (à l’amorce de son dernier opus de chambre) et Maurice Ravel comme un solitaire joueur de banjo (dans le Blues de la Sonate). Pianiste attentionnée, Paloma Kouider ancre le duo dans la matière (friable avec Debussy, marmoréenne avec Ravel) sans verser dans l’activité prosaïque. L’entente entre les jeunes musiciennes culmine dans l’interprétation, spirituelle et mirifique, des hallucinants Mythes de Karol Szymanowski. Une fois n’est pas coutume, la part de Reynaldo Hahn à un tel festin n’est pas celle du pauvre. Pierre Gervasoni

1 CD Evidence Classics.

  • Olivier Bogé
    When Ghosts Were Young

Pochette de l’album « When Ghosts Were Young », d’Olivier Bogé. / JAZZ & PEOPLE/PIAS

Guitariste, saxophoniste, claviériste et chanteur, Olivier Bogé est aussi compositeur de mélodies aux déploiements lyriques. Sur certaines plages, New Gardens, Till We Rise Again, What Will Remain, l’alliance de la voix – qui vient souligner les courbures des différents airs –, avec les instruments fait songer à ce que développait Pat Metheny avec son groupe du milieu des années 1980 au milieu des années 1990. Le deuxième guitariste, Pierre Perchaud, apportant un mordant plus rock. Le trio rythmique constitué de Tony Paeleman (piano, qui a aussi de belles parties solistes, dont celle sur Odyssey of the Innocent Child), Nicolas Moreaux (contrebasse) et Karl Januska (batterie) se révèle de bout en bout d’une grande exactitude. Une musique qui, pour être souvent paisible, rêveuse – même sur un tempo marqué –, suscite une impression de rayonnante chaleur. Sylvain Siclier

1 CD Jazz & People/PIAS.

  • Sia
    Everyday Is Christmas

Pochette de l’album « Everyday Is Christmas », de Sia. / MONKEY PUZZLE MUSIC-CRUSH MUSIC-ATLANTIC RECORDS/WARNER MUSIC

Genre en soi, surtout aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, l’enregistrement de chansons de Noël, classiques du répertoire ou compositions spécifiques pour l’occasion, a donné lieu à des milliers de parutions. Que ce soit pour des chansons isolées ou des albums complets. Bing Crosby, Frank Sinatra, The Beach Boys, James Brown, Bob Dylan, Ella Fitzgerald, Elvis Presley, The Jackson Five, Ramones ou Madonna se sont prêtés au jeu. Pour ce Noël 2017, c’est au tour notamment de Sia Kate Isobelle Furler, dite Sia, avec Everyday Is Christmas. Dix titres originaux, co-écrits par la chanteuse australienne avec Greg Kurstin. Plutôt bien tournées, que cela soit dans une manière pop allègre, avec clochettes, comme dans Santa’s Coming For Us et Candy Cane Lane qui ouvrent l’album, ou des ballades avec cordes et piano. Au cœur de ce plaisant exercice rituel, Puppies Are Forever rappelle les productions de Noël de Phil Spector pour Darlene Love, The Crystals ou The Ronettes en 1963. Sylvain Siclier

1 CD Monkey Puzzle Music-Crush Music-Atlantic Records/Warner Music.

  • Tangomotan
    Défense d’afficher

Pochette de l'album "Défense d'afficher", de Tangomotan / DR

Du tango, exalté et bouillonnant, qui affiche un sacré tempérament. Formé en 2016 par trois anciens membres de Tango Carbon (Leandro Lacapère, piano ; David Haroutunian, violon ; Blanche Stromboni, contrebasse) et la bandonéoniste Marion Chiron (entendue aussi au sein de l’orchestre féminin Fleurs Noires), ce quartet a le sens de la rigueur et de la précision, appris dans les conservatoires et exigé dans les grands orchestres (deux des musiciens sont passés par l’Orchestre philharmonique de Radio France). Il a également l’humeur canaille, le goût de l’audace, tout aussi flamboyant quand il s’empare ou s’inspire des maîtres (Osvaldo Pugliese, Armando Pontier, Lucio Demare), reprend des standards (La Bordona, d’Emilio Balcarce) que lorsqu’il invente (compositions originales signées Leandro Lacapère). Ecouter la reprise de Je dis Aime, de -M-, totalement métamorphosé. Patrick Labesse

1 CD NoMadMusic/PIAS.