La journée de vendredi 8 décembre s’annonce comme une « journée test » à Jérusalem et dans les territoires palestiniens, après l’annonce, mercredi 6 décembre, par le président américain, Donald Trump, de la reconnaissance de la Ville sainte comme capitale d’Israël et du transfert de l’ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem.

Des violences sont redoutées en ce jour de prière hebdomadaire des musulmans, notamment autour de l’esplanade des Mosquées, à Jérusalem-Est, partie palestinienne de la ville annexée et considérée comme occupée par la communauté internationale.

Le gouvernement israélien a annoncé avoir renforcé les moyens policiers dans la ville. « Plusieurs centaines de policiers et de gardes-frontières supplémentaires ont été déployés à l’intérieur et autour de la vieille ville », a déclaré, vendredi à l’AFP, un porte-parole de la police, Micky Rosenfeld.

Aucune restriction d’âge n’a été imposée aux fidèles de Jérusalem pour accéder à l’esplanade, a-t-il ajouté, contrairement à des mesures prises lors de précédentes périodes de tension.

« Il faut que les esprits se calment »

La décision de M. Trump risque de déclencher une nouvelle intifada, « il faut que les esprits se calment », a mis en garde, vendredi matin, le ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian.

« La France désapprouve cette initiative » parce qu’elle est « contraire au droit international » et à une « forme de consensus qui permettait d’entrevoir une solution pour le conflit israélo-palestinien », a déclaré M. Le Drian sur France Inter. « Cette initiative ne permet pas d’engager un processus de paix. Voilà trois raisons qui aboutissent à ce que nous constatons depuis hier, c’est-à-dire un embrasement dans le monde arabe et singulièrement dans les territoires » palestiniens.

Après la déclaration de M. Trump, le mouvement islamiste Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, avait appelé, jeudi, à une « nouvelle intifada ». En soirée jeudi, l’armée israélienne a déclaré qu’au moins deux roquettes ont été tirées à partir de Gaza vers Israël, explosant toutefois dans l’enclave.

Les Palestiniens avaient appelé, mercredi, à « trois jours de rage ». Jeudi, ils avaient également lancé un appel à une grève générale dans les territoires et à Jérusalem-Est. Celui-ci a été largement suivi en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Les magasins sont restés fermés dans la matinée, les écoles également. Plus d’une vingtaine de Palestiniens ont été blessés par des balles en caoutchouc ou réelles lors de heurts avec l’armée israélienne.

Réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU

Vendredi, des manifestations sont également prévues dans le monde musulman, notamment en Turquie (à Istanbul) et en Malaisie, au lendemain de celles qui ont eu lieu du Pakistan à la Turquie en passant par la Tunisie et la Jordanie, où plusieurs centaines de manifestants ont scandé « Mort à Israël » et brûlé des portraits de Donald Trump.

L’initiative unilatérale de Washington, qui a suscité la réprobation dans le monde entier, sera par ailleurs vendredi au cœur d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU. La communauté internationale, qui s’est gardée de reconnaître Jérusalem comme capitale, considère que la question du « statut final » de la ville, l’une des plus épineuses du conflit israélo-palestinien, doit être négociée.

Les Palestiniens revendiquent Jérusalem-Est comme la capitale de l’Etat auquel ils aspirent. Israël considère tout Jérusalem comme sa capitale « éternelle et indivisible ».

Un cadre du parti palestinien Fatah a affirmé, jeudi, que le vice-président américain Mike Pence n’était « pas le bienvenu en Palestine », après la décision du président Trump. M. Pence doit se rendre en Israël et dans les territoires palestiniens durant la deuxième moitié de décembre.

La Maison Blanche a estimé, jeudi, qu’une éventuelle annulation de la rencontre entre Mike Pence et M. Abbas serait « contre-productive ».