Aux Nations unies, à New York, le 8 décembre 2017. / BRENDAN MCDERMID / REUTERS

Jamais – même lors du déclenchement de la guerre en Irak – les Etats-Unis n’ont paru aussi isolés autour de la table en forme de fer à cheval du Conseil de sécurité. Même le fidèle allié britannique a dénoncé, lors d’une réunion d’urgence demandée par huit pays (France, Royaume-Uni, Suède, Italie, Bolivie, Uruguay, Sénégal et Egypte), vendredi 8 décembre, une initiative américaine qui « sape les perspectives de paix dans la région ».

Il y a eu aussi cette photo de famille inédite, en fin de réunion : les quatre représentants européens (France, Royaume-Uni, Suède et Italie), rejoints par l’Allemagne, se tenant en rang serré devant la presse, pour dire « leur désaccord avec la décision des Etats-Unis d’Amérique de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël ». Une décision, selon eux, qui « n’est pas conforme aux résolutions du Conseil de sécurité ».

Le statut de Jérusalem a fait l’objet de résolutions spécifiques du Conseil de sécurité, dont la plus récente, votée le 23 décembre 2016, grâce à l’abstention de l’administration Obama sur le départ, assure « qu’il ne reconnaîtrait aucune modification aux frontières du 4 juin 1967, y compris [à] Jérusalem », à l’exception de celles convenues par les parties par la voie de négociations.

« Risque d’escalade violente »

En l’absence d’accord, les cinq pays européens ont indiqué ne reconnaître « aucune souveraineté sur Jérusalem » et ont vivement encouragé l’administration américaine à présenter « des propositions détaillées pour un règlement israélo-palestinien ». L’ONU reste engagée pour une solution à deux Etats. « Il n’y a pas de plan B », ont-ils martelé.

Nikolaï Mladenov, l’envoyé spécial des Nations unies au Proche-Orient, qui plaide pour des négociations directes, a regretté que le statut de la ville trois fois sainte – « la question la plus complexe et la plus lourde émotionnellement » – ait fait l’objet d’une décision unilatérale en se disant « particulièrement inquiet d’un risque d’escalade violente » et « d’un radicalisme religieux ».

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Ces condamnations n’ont pas semblé ébranler l’ambassadrice américaine aux Nations unies, Nikki Haley, qui a estimé que son pays restait crédible comme médiateur de paix. « Lorsqu’il y aura un accord de paix, il sera signé à la Maison Blanche », a-t-elle lancé, bravache. « Nous sommes plus engagés à promouvoir la paix des Israéliens et Palestiniens aujourd’hui que nous ne l’avons jamais été auparavant », a t-elle assuré, sans se priver, au passage, d’une charge contre l’ONU, qui a, selon elle, « plutôt dégradé que facilité les perspectives de paix au Proche-Orient ».