Parti de Bretagne le 4 novembre, François Gabart raconte pour Le Monde son tour du monde en solitaire à bord d’un trimaran géant. Dimanche 10 décembre, le navigateur a franchi l’équateur avec 5 jours d’avance sur le temps de passage de l’actuel détenteur du record, Thomas Coville, qui a bouclé le périple en 49 jours au mois de décembre 2016. Troisième volet de sa chronique.

François Gabart au large de l’Argentine, le 5 décembre 2017.

Même en haute mer, il y a des informations qui ne passent pas inaperçues. Cette semaine, c’était la disparition de Jean d’Ormesson et Johnny Halliday, mais aussi ce que j’appellerais les « délires » de Donald Trump. J’ai beau naviguer, je continue à m’intéresser autant que possible à l’actualité, c’est une manière de rester rattaché à la civilisation.

Depuis mon départ, j’ai deux sources d’information. D’abord, des proches m’envoient chaque jour une sorte de revue de presse. Ils font des copier-coller des infos importantes du jour, qu’ils vont chercher à droite, à gauche et qui m’aide bien à y voir plus clair. Ce que je préfère ? Le petit commentaire personnel sur l’actu qu’ils glissent au début de chaque envoi.

Au début de mon tour du monde, j’avais le temps de regarder chaque jour ce petit résumé de l’actualité. Plus les jours ont passé, plus c’est devenu compliqué. Mais j’essaie toujours d’y jeter un œil.

Sinon, heureusement qu’il y a Twitter. Je sais, je sais : on peut philosopher des heures sur la pertinence ou non de Twitter. On peut tout y trouver : des choses intéressantes, d’autres moins. Moi, je trouve ça bien utile pour rester au courant de ce qui se passe sur la terre ferme. Tout dépend des comptes que l’on suit. Tiens, laissez-moi le temps de vérifier : oui, je suis bien abonné au compte du « Monde ».

Saint-Ex et London

Twitter, quand j’ai le temps, je m’en sers aussi pour partager ce que je vis. Mais sans aucune obligation de mon sponsor : je tweete quand j’ai le temps et quand je peux apporter une plus-value sur des sujets que je maîtrise, et cette solution me va très bien. Je me serais mal vu tweeter quelque chose, par exemple, après la mort de Jean d’Ormesson ou de Johnny : quel intérêt aurait mon avis personnel là-dessus ?

Pareil pour la politique de Trump : je ne vais pas à me mettre à écrire sur Twitter à ce sujet pour en rester à la surface des choses. Mais bon, je ne vous cacherais pas que ses récentes positions en Corée et au Proche-Orient me font peur : parfois je me prends même à espérer avoir mal compris ce qu’il voulait dire…

Cet hiver, mon parcours ne m’amènera pas par les eaux territoriales américaines. Mais il me reste encore du chemin avant de retrouver la Bretagne. D’ici là, je continue aussi à écouter les « podcasts » d’émissions que je m’étais préparés avant de partir. J’aime beaucoup le « Temps d’un bivouac » sur France Inter et ses histoires d’aventuriers. Merci Saint-Exupéry, John London et les autres !

François Gabart