Laurent Wauquiez prenant la parole devant ses soutiens, le 10 décembre 2017. Il vient d'être élu dès le premier tour de l'élection à la présidence de LR avec 74,64 % des voix. / VINCENT JAROUSSEAU POUR LE MONDE

Editorial du « Monde ». C’est une solide victoire que Laurent Wauquiez a remportée, dimanche 10 décembre. Les adhérents des Républicains l’ont élu pour cinq ans président de leur parti. Beaucoup redoutaient une participation des plus faibles ; avec quelque 100 000 votants sur les 235 000 adhérents à jour de cotisation, elle a été modeste mais honorable. Ses détracteurs espéraient qu’il n’obtiendrait qu’un score étriqué ; avec près des trois quarts des suffrages, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes n’a laissé que des miettes à ses deux concurrents, Florence Portelli et Maël de Calan. A l’évidence, le noyau dur des Républicains l’a plébiscité. Le voilà doté d’une incontestable légitimité.

Pour la droite, c’est une bonne nouvelle après un quinquennat calamiteux – depuis la défaite de Nicolas Sarkozy en 2012 jusqu’à celle de François Fillon dès le premier tour de la présidentielle, le 23 avril, en passant par les guerres de chefs et la sulfureuse affaire Bygmalion, le tout à peine tempéré par les succès remportés lors des dernières élections municipales, départementales et régionales.

Nul doute que Laurent Wauquiez va s’employer à reconquérir la place d’opposant numéro 1 au président de la République. Il en a la volonté et la pugnacité. Il dispose pour cela de l’appui d’un groupe d’une centaine de députés à l’Assemblée nationale et de la majorité sénatoriale. Il devrait y parvenir d’autant plus aisément que le Front national ne s’est pas encore remis de l’échec de sa présidente à l’élection présidentielle et que La France insoumise est suspendue aux sautes d’humeur de son leader, Jean-Luc Mélenchon.

Rassembler son parti et son camp

Voilà pour le plus facile. Mais pour s’imposer durablement et espérer, comme il en a l’ambition, briguer la présidence de la République en 2022, il lui faudra relever bien d’autres défis. Renouveler, d’abord. A 42 ans, le nouveau « patron » des Républicains entend bien tourner la page de tous les caciques de l’ancien monde. Exit les ­Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Fillon, Jean-Pierre Raffarin, Jean-François Copé… Place aux trentenaires et quadragénaires impatients et aux têtes nouvelles qui le soutiennent.

Comment Laurent Wauquiez a pris la tête de la droite française
Durée : 02:32

Rassembler son parti et son camp, ensuite. La primaire de la droite il y a un an, puis la campagne interne de ces dernières semaines ont démontré les profondes divisions idéologiques et humaines qui minent les Républicains. La personnalité même de M. Wauquiez, son appétit de pouvoir sans état d’âme suscitent de solides méfiances qu’il va devoir désarmer.

Quant à sa volonté affichée de séduire les électeurs du Front national, tout en récusant toute alliance avec leurs dirigeants, elle a provoqué une profonde défiance sur les ambiguïtés de sa stratégie. Et ce qui est vrai des Républicains l’est plus encore de la droite au sens large, dont des pans entiers ont été attirés par Emmanuel Macron depuis le printemps. Laurent Wauquiez sait bien que, s’il campait sur le noyau dur des militants qui l’ont élu, il se condamnerait à n’incarner qu’une droite trop étriquée pour revenir au pouvoir.

Enfin, au-delà des proclamations de principes et de valeurs, le nouveau président des Républicains va devoir rebâtir un projet d’alternance crédible. C’est la condition indispensable pour prétendre sérieusement aux plus hautes fonctions dans ­quatre ans. Mais cela suppose de réussir l’improbable alliance d’une droite fermée et d’une droite ouverte. Laurent Wauquiez a franchi aisément un premier pas dans son entreprise de reconquête. Mais le plus dur reste à faire.