Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, à Tourcoing (nord), le 14 novembre 2017. / SARAH ALCALAY / SIPA

« C’est son choix. Je le respecte, mais je ne vais pas regarder dans le rétroviseur », a d’emblée relativisé Laurent Wauquiez après l’annonce, lundi 11 décembre, du départ de Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, du parti Les Républicains (LR). M. Bertrand a expliqué qu’il quittait sa famille politique,car il ne la « reconnaissait plus » après l’élection, la veille, de M. Wauquiez à la tête de LR.

Si le nouveau patron des Républicains a souhaité « avancer » pour « faire émerger une nouvelle génération », d’autres membres du parti ont en revanche exprimé leurs regrets face à une décision qui accentue encore l’éclatement de la droite depuis la défaite de François Fillon et l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République.

Depuis l’ arrivée de M. Wauquiez à la tête des Républicains, Guillaume Delbar, maire de Roubaix, Grégoire de Lasteyrie, maire de Palaiseau, et Bruno Bourg-Broc, président de la communauté d’agglomération de Châlons-en-Champagne, ont aussi quitté le parti.

Pour les gaullistes sociaux, un départ « regrettable »

Daniel Fasquelle, député du Pas-de-Calais, qui avait voulu concourir à la présidence des Républicains face à Laurent Wauquiez, a regretté la décision de Xavier Bertrand, qui « avait toute sa place au sein des Républicains ». Il a également appelé à laisser du temps à Laurent Wauquiez pour rassembler, tout en se disant confiant dans le fait que les « gaullistes sociaux » auraient toute leur place dans la droite refondée.

Sur la même ligne, Gérard Larcher, président du Sénat, a déclaré sur Radio Classique : « Je regrette sa décision, je la respecte. Moi ma décision, elle est inverse. J’ai choisi de rester, avec ma sensibilité gaulliste et sociale. » Pour lui, la participation au scrutin de dimanche, plus élevée qu’attendue, est le signe d’une « vitalité » au sein du parti qui « exige de la part de celui qui vient d’être élu [Laurent Wauquiez] qu’il rassemble, qu’il reconstruise et qu’il nous donne une perspective ».

Une « ambition solitaire » pour les soutiens de Wauquiez et Fillon

D’autres se sont montrés plus virulents à l’égard de Xavier Bertrand. C’est le cas de Guillaume Larrivé, député de l’Yonne et proche de Laurent Wauquiez, qui a considéré que le président de la région Hauts-de-France choisissait « une petite impasse de division et d’ambition solitaire ».

De même, Bruno Retailleau, qui a remplacé François Fillon à la tête de son mouvement Force républicaine, a déploré sur RMC et BFM-TV la « stratégie personnelle » d’un homme qui « quitte le navire » dans une « période difficile ». Il a déclaré avoir voté Laurent Wauquiez mais a insisté sur le fait que le parti avait « besoin de Xavier Bertrand » pour fonder une « stratégie collective ».

Comme eux, Brice Hortefeux, ancien ministre de l’intérieur de Nicolas Sarkozy, a fustigé sur RTL une « aventure solitaire alors que Laurent Wauquiez propose une démarche collective ». Un autre ancien ministre de Nicolas Sarkozy, Eric Woerth, a estimé sur Franceinfo : que cette décision était « un choix politique et personnel, une trajectoire personnelle », qu’il a relativisé en affirmant que Xavier Bertrand avait « quitté Les Républicains depuis bien plus longtemps ».

Pour la droite « constructive », une « décision de bon sens »

En revanche, la partie de la droite ralliée à Emmanuel Macron a observé la décision de M. Bertrand d’un œil positif. Frédéric Lefebvre, l’un des fondateurs du parti politique Agir, créé par des ex-républicains macronistes, a salué une « décision de bon sens et qui souligne la rectitude de Xavier Bertrand ».

Thierry Solère, ancien membre des Républicains et cofondateur du groupe Les Constructifs à l’Assemblée, s’est dit peu surpris par la décision de M. Bertrand lundi soir sur Franceinfo : « Je fais miens tous les mots qui sont ceux de Xavier Bertrand », a-t-il déclaré, avant d’ajouter : « Ma droite, c’est celle d’Edouard Philippe, de Gérald Darmanin, de Bruno Le Maire, pas celle de Patrick Buisson ou de Laurent Wauquiez. »

Le ministre de l’action et des comptes publics, Gérald Darmanin, ancien membre de LR rallié à la République en marche, a d’ailleurs salué le « courage » de M. Bertrand dans un tweet laconique lundi soir.