Le producteur Vincent Maraval, cofondateur de Wild Bunch (à gauche), avec l’équipe du film « La vie d’Adèle » d’Abdellatif Kechiche, au festival de Cannes, le 23 mai 2013. / Regis Duvignau / REUTERS

Plombée par un endettement préoccupant et handicapée par une série de films qui n’ont pas trouvé un assez large public, la société européenne de distribution et de ventes de films Wild Bunch, basée à Berlin, chercherait un repreneur. Selon le magazine américain Variety, la société fondée par d’anciens de Studio Canal et dirigée par Vincent Maraval serait contrainte d’envisager plusieurs scénarios : une cession globale ou encore la vente de certaines de ses activités (coproduction, distribution, ventes internationales cinéma ou télévision).

Deux fonds d’investissement spécialisés dans le redressement des entreprises analyseraient la situation. Selon d’autres sources, la banque Lazard, officiellement missionnée par Wild Bunch pour lever des fonds, aurait mis sur le marché cette société aujourd’hui tenue à bout de bras par l’établissement de crédit spécialisé dans le cinéma, Cofiloisirs.

Un chiffre d’affaires en baisse

La situation financière de cette entreprise à la tête d’un prestigieux catalogue de films semble bien délicate. La dette s’élevait fin juin à 74,7 millions d’euros, le cours de Bourse de Wild Bunch, coté en Allemagne, a dévissé de 52 % entre le 2 janvier et jeudi 14 décembre. Au premier semestre, le chiffre d’affaires a baissé de 5 %, passant de 50,2 à 47,7 millions d’euros.

« Aucun des huit films distribués en France au premier semestre n’a atteint son équilibre financier », note un proche du dossier cité par Variety.On The Milky Road d’Emir Kusturica, Rodin de Jacques Doil­lon, la comédie Chouquette de ­Patrick Godeau, le dessin animé Yo-Kai Watch, le polar K.O. de Fabrice Gobert ou encore le film d’horreur The Jane Doe Identity d’André Ovredal n’ont pas réussi à attirer un public suffisant.

Le journal américaindécrit un tableau très sombre. Même les activités de diversification dans la télévision souffrent. La structure internationale coûterait trop cher et l’unité télévision a perdu les droits de diffusion de la série à succès Les Médicis, maîtres de Florence et n’a pas obtenu, faute de garanties financières adéquates, le mandat de ventes internationales pour la série italienne Le Nom de la rose, basée sur le roman d’Umberto Eco.

Succession de départs

Ces difficultés ont pour conséquence une succession de départs de cadres. Notamment ceux de Carole Baraton, qui a fondé l’unité télévision, Thomas Triboit, responsable des acquisitions télévision, ou Thierry Lacaze, qui chapeautait la distribution cinéma.

Ces informations ont été confirmées au Monde de source bancaire : « L’entreprise est effectivement à vendre depuis quelque temps. Elle possède des atouts et des actifs importants comme son réseau international et son catalogue. Certains acheteurs potentiels ont donné des marques d’intérêt, mais rien n’est fait. » Aucun chevalier blanc ne s’est manifesté. Pour se renflouer, Wild Bunch mise sur les sorties des Filles du soleil d’Eva Husson, Raoul Taburin de Pierre Godeau ou High Life de Claire Denis, trois longs-métrages aux castings très solides.

Balayant ce constat d’un revers de main, Vincent Marval voit dans l’article de Variety « une croisade contre notre société ». Il ajoute : « Nous sommes, depuis dix-huit ans que nous existons, en constante recherche de fonds, et je ne vois pas en quoi tout ça est nouveau. »