La Première ministre britannique Theresa May à Bruxelles le 14 décembre. / ERIC VIDAL / REUTERS

La Première ministre britannique Theresa May a reçu jeudi 14 décembre à Bruxelles un accueil positif de ses homologues européens, prêts à passer la deuxième vitesse dans les négociations du Brexit mais qui attendent de Londres des clarifications sur leur relation future.

Les dirigeants européens doivent confirmer vendredi, au deuxième jour d’un sommet européen, que Londres et Bruxelles ont fait des « progrès suffisants » dans les négociations sur les modalités de leur divorce, pour ouvrir un nouveau chapitre centré sur leur partenariat post-Brexit que le Royaume-Uni attend avec impatience.

« En bonne voie »

Encore fragilisée au lendemain d’une déconvenue au Parlement britannique, Mme May, « déçue », a toutefois assuré que le Royaume-Uni était « en bonne voie pour tenir (ses) promesses sur le Brexit, sur le vote du peuple britannique ». « Nous avons de très bonnes discussions. J’ai hâte de discuter des futures relations commerciales et sécuritaires », a assuré Mme May à l’issue d’un dîner avec ses homologues - au cours duquel elle a été applaudie, selon une source européenne. Mme May a réclamé qu’on en vienne aux discussions commerciales « le plus vite possible ».

Ses partenaires acceptent volontiers d’ouvrir dès janvier la négociation sur une période de transition après leur séparation, prévue fin mars 2019. Mais Londres devra attendre le mois de mars pour parler commerce, préviennent-ils dans un projet de texte.

Les Européens veulent en effet y voir plus clair dans les intentions britanniques avant de révéler leur position. D’ici au printemps, ils espèrent obtenir davantage de détails sur l’idée que se font les Britanniques du « partenariat approfondi et spécial » voulu par Mme May, qui n’est jamais entrée plus avant dans les détails. « Theresa May a fait de bonnes propositions qui impliquent que les 27 constateront demain des progrès suffisants » pour aller de l’avant, a affirmé la chancelière allemande Angela Merkel. « Mais il reste beaucoup de problèmes à régler et nous n’avons pas tellement de temps », a-t-elle prévenu.

Accompagner le retrait final

Les 27 et les Britanniques ne pourront s’entendre sur un véritable accord de libre-échange qu’une fois le Royaume-Uni devenu un pays tiers, mais les Européens s’engagent à accompagner l’accord de retrait final d’une déclaration politique sur le sujet.

La Première ministre britannique a perdu de justesse mercredi soir un vote crucial devant son Parlement en raison de la rébellion d’une partie de son camp conservateur. Les députés ont ainsi voté un amendement prévoyant que tout accord final conclu sur le Brexit devra être ratifié par un vote contraignant du Parlement.

Tandis que Theresa May chancelle, le président du Conseil européen, Donald Tusk, a averti que la deuxième phase des discussions serait « le vrai test » pour l’unité des 27.

Certes, l’UE s’affiche unie face à Londres, mais les autres thèmes du sommet ont montré qu’elle pouvait toujours se diviser sur d’autres questions. « Nous allons évoquer des sujets pour lesquels le manque d’unité est très voyant, je veux parler de l’Union monétaire et de la migration », a explicité M. Tusk.

Ces divisions – entre le nord et le sud de l’UE dans le premier cas, l’est et l’ouest dans le second – « sont souvent accompagnées d’émotions qui rendent difficile la recherche d’un langage commun, d’une argumentation rationnelle. C’est pour cela que nous devons travailler sur notre unité plus intensivement », a-t-il constaté.

En quête d’unité

Le débat sur la réforme de la zone euro aura lieu vendredi matin au cours d’un petit-déjeuner entre les 27, avant qu’ils n’évoquent dans la matinée la suite des négociations du Brexit.

Le thème des migrants a animé quant à lui le dîner jeudi, après que M. Tusk a pris l’initiative d’une discussion « ouverte et franche » sur « ce qui a marché et ce qui n’a pas marché » dans la réponse de l’UE à la vague migratoire depuis 2015.

En suggérant que les quotas de répartition, très controversés, de demandeurs d’asile avaient été « inefficaces » au cours des deux années écoulées, M. Tusk a satisfait les pays comme la Hongrie et la Pologne, hostiles à ce volet de la politique migratoire européenne.

Mais il a aussi froissé les autres, ainsi que la Commission européenne, qui souhaitent que des mesures de « relocalisation » de réfugiés soient à nouveau incluses dans la réforme en chantier de l’asile dans l’UE, par solidarité avec les pays en première ligne comme l’Italie et la Grèce.

Avant le dîner, une cérémonie a célébré le lancement d’une coopération militaire inédite entre 25 Etats membres (seuls le Royaume-Uni, le Danemark et Malte restent en dehors) afin de donner une nouvelle impulsion à l’Europe de la défense.