• Ying-Chieh Wang
    Arbre nuage – Contemporary Music for Erhu

    Ying-Chieh Wang (erhu), Fanny Vicens (accordéon), Jennifer Hymer (piano), Christelle Séry (guitare)

Pochette de l’album « Arbre nuage – Contemporary Music for Erhu », de Ying-Chieh Wang. / L’EMPREINTE DIGITALE

Utiliser un instrument marqué par des siècles, sinon des millénaires, de tradition comme l’est l’erhu, violon chinois à deux cordes, comporte un risque pour le compositeur d’aujourd’hui. Que l’auditeur s’attache plus à la source exotique de la musique qu’à son propos, son langage, sa raison d’être. Cet écueil n’est pas évité dans la plupart des œuvres réunies ici. Excessivement mis en exergue face à la guitare (dans Le Discours d’une larme perdue, de Leilei Tian) ou totalement dissous dans le flot acousmatique d’une création conventionnelle en studio (Fold-in, de Christian Eloy), l’instrument chinois demeure un corps étranger au sein de l’entreprise bruitiste (Ruins, de Wei-Chieh Lin) et de l’essai conceptuel (Aide-mémoire C, de Heng Chen) qui exacerbent la dimension « contemporaine » du programme. Deux réussites se distinguent toutefois dans cet « arbre nuage ». Frétillante avec Aquelarres (pour accordéon et erhu), de Juan Camilo Hernandez Sanchez, et pénétrante avec Le Train de la vie III (pour erhu et électronique), de Lin-Ni Liao, chef-d’œuvre de fusion qui vaut à la compositrice, née en 1977, de rejoindre son aînée Xu Yi (Le Plein du vide) sur l’axe de l’inspiration Est-Ouest. Pierre Gervasoni

1 CD L’Empreinte digitale.

  • Damien Jourdan
    Je regarde le ciel

Pochette de l’album « Je regarde le ciel », de Damien Jourdan. / FAT TUESDAY RECORDINGS/ABSILONE

Son précédent album, Orchidées (2011), avait été réalisé avec Nicolas Repac, musicien régulier d’Arthur H. Cette fois, pour Je regarde le ciel, le chanteur et guitariste Damien Jourdan a travaillé avec le guitariste Pierrejean Gaucher, homme du jazz et du rock, compositeur et arrangeur, ici particulièrement attentif au détail mélodique. Les textes de Damien Jourdan, travaillés dans de douces mélancolies, une introspection sans pathos, par sa voix expressive, viennent sur des musiques cosignées Jourdan et Gaucher. Généralement sur tempo lent ou moyen, dans des inspirations folk et légèrement rock, avec des traces de blues, par endroits des éléments pop, une sonorité plutôt acoustique, même quand les instruments électriques sont mis en jeu. A l’instrumentation de base, guitares, claviers, basse et batterie, s’ajoutent un saxophone, une trompette, un violon… Un ensemble d’attachantes chansons, aux clartés musicales évocatrices du petit matin, à l’occasion traversées par des emportements (L’Engrenage, J’ai vu l’aube, Je suis le seul, Le Fil de velours). Sylvain Siclier

1 CD Fat Tuesday Recordings/Absilone.

  • The Rolling Stones
    On Air

Pochette de l’album « On Air », de The Rolling Stones. / ABKCO-BBC-POLYDOR/UNIVERSAL MUSIC

Régulièrement publiées sur des disques pirates, les participations des Rolling Stones à des émissions de radio de la BBC, entre 1963 et 1965, connaissent, en partie, une sortie officielle. Sur la cinquantaine d’interprétations recensées, le double CD On Air en présente trente-deux – dont quatre qui étaient déjà dans le coffret anthologique Grrr ! en 2012. Et sans respecter la chronologie. Après Come On, de Chuck Berry, pour l’émission « Saturday Club » diffusée le 26 octobre 1963, première des Stones à la BBC, l’on saute au 18 septembre 1965 pour (I Can’t Get No) Satisfaction. Les séances de chaque émission sont ainsi dispersées sur les deux CD. Les Stones jouent alors surtout des reprises et l’essentiel d’On Air consiste en leurs versions de thèmes rock’n’roll ou blues, plutôt fidèles aux originaux. Reste qu’en mono ou en stéréo, restauré, le son de ces enregistrements est plutôt de meilleure qualité que ce qui circulait jusqu’à maintenant. Autre intérêt, l’on trouvera ici plusieurs thèmes que le groupe n’avait pas enregistrés à l’époque sur ses albums ou singles, dont Cops and Robbers (déjà dans Grrr !), Fannie Mae ou Beautiful Delilah. Sylvain Siclier

2 CD ABKCO-BBC-Polydor/Universal Music.

  • Soft
    Ti Gwadloupéyen

Pochette de l’album « Ti Gwadloupéyen », de Soft. / AZTEC MUSIQUE/PIAS

De la chanson créole qui swingue sur les rythmes du gwoka (la musique traditionnelle cardinale de la Guadeloupe), des mélodies solaires cousues au point jazz et des voix sucrées, des hymnes à l’amour (Nou Wo, Bonbon Siwo, Kléré) et puis… un peu de poil à gratter, histoire de remettre les pendules à l’heure quand le bon sens s’égare (Ti Gwadloupéyen). C’est un cocktail avec lequel Soft se distingue depuis 2005, l’année où ce nom est apparu dans le paysage musical guadeloupéen, remportant d’emblée un succès énorme. Pour le quatrième album de Soft, Fred Deshayes (chant et guitare), Maxence Deshayes (petit frère du précédent, chant), Julie Aristide (violon, chant), Joël Larochelle (basse, contrebasse) et Philippe Sadikalay (saxophones), sont rejoints par « la famille », les copains, une ribambelle de musiciens caribéens compétents, dont Jacob Desvarieux, de Kassav’, Dominik Coco, Joby Julienne et Arnaud Dolmen. Patrick Labesse

1 CD Aztec musique/PIAS.

  • Vivaldi
    Dorilla in Tempe

    Romina Basso (Dorilla), Serena Malfi (Elmiro), Marina de Liso (Nomio), Lucia Cirillo (Filindo), Sonia Prina (Eudamia), Christian Senn (Admeto), Coro della Radiotelevisione svizzera, I Barocchisti, Diego Fasolis (direction)

« Dorilla in Tempe », le volume 55 de l’Edition Vivaldi. / NAÏVE

Après quelque trois années d’interruption (la dernière parution, L’Incoronazione di Dario, remonte à 2014), la reprise de l’Edition Vivaldi, lancée en 2000 au sein du label Naïve, ne risque pas de passer inaperçue. Le nouvel opéra, Dorilla in Tempe, volume 55 de la collection, est un mélodrame héroïco-pastoral, présenté ici dans sa version de 1734. Il relate les amours impossibles entre Dorilla, fille du roi Admeto, et le berger Elmiro, d’autant plus qu’Apollon, épris de la belle, a pris les traits du berger, Nomio, pour mieux la délivrer du serpent Python qui la retient prisonnière. Qu’on se rassure, les amants finiront par s’aimer, leur constance ralliant in fine à leur cause le dieu soleil. Comme toujours, le soin apporté à la réalisation de l’album ainsi que le choix des artistes suscitent l’admiration. Diego Fasolis et ses Barocchisti, qui gravent ici leur première intégrale d’opéra dans la collection, font des merveilles dans la fosse. De même les interventions chorales. Quant à la distribution, qui réunit la crème féminine du chant baroque italien (Romina Basso, Serena Malfi, Marina de Liso, Sonia Prina, Lucia Cirillo) au baryton chilien, Christian Senn, elle fait miroiter cette musique inventive et colorée, riche en émotions, qui conjugue habilement atmosphère pastorale et passions humaines. Marie-Aude Roux

2 CD Naïve.