Documentaire sur Arte à 23 heures

Fils d’un ouvrier des chantiers navals de Newcastle reconverti en livreur de lait et d’une coiffeuse férue de piano, Gordon Sumner – alias Sting – explique que, tout jeune, dans cette ville du nord-est de l’Angleterre où il est né en 1951, il n’avait guère le choix pour envisager son avenir. « A droite, c’étaient les chantiers navals et, à gauche, la mine. J’ai préféré rêver ma vie », dit-il à la réalisatrice Julie Veille qui, avec son documentaire Sting, l’électron libre, signe un ­délicat portrait du chanteur musicien devenu une star planétaire.

Electron libre, Sting l’a toujours été. Sauvé des boulots harassants grâce à une guitare abandonnée par un oncle immigré au Canada sur laquelle il a appris seul la musique, le jeune Gordon Sumner rejoint, en tant que chanteur et bassiste, le groupe de rock The Police en 1976. Le succès est quasi immédiat.

Le trio, composé du batteur Stewart Copeland et du guitariste français Henry Padovani – rapidement remplacé par Andy Summers –, se hisse très vite au sommet des meilleures ventes avec des chansons comme Roxanne, Every Breath You Take ou Walking on the Moon. Ce dernier morceau étant considéré par le rappeur américain Will.i.am comme « une des meilleures lignes de basse » ­jamais créées. Jusqu’en 1984, année de la séparation du groupe, Police a volé de succès en succès. Mais Sting décide de se lancer dans une carrière solo. « J’avais une nouvelle soif de liberté », dit-il.

Sting dans les années 2000. / © FRANCK OCKENFELS

Dans sa maison en Toscane, où il vit une grande partie de l’année, le chanteur, aujourd’hui grand-père, retrace son parcours musical et personnel, l’esprit toujours curieux et perpétuellement à l’écoute des bruissements du monde. Du jazz, qui l’a toujours fasciné, en passant par la pop, le raï avec Cheb Mami et la musique classique dont il apprend à manier les anciens instruments, Sting est un musicien accompli qui suit son instinct.

« C’est le plus doué de sa génération », assure Bob Geldof. Un jugement confirmé par ses amis Zucchero et Dominic Miller, qui décrivent sa virtuosité musicale. « La musique est le meilleur moyen d’exprimer mes émotions, c’est une thérapie », dit Sting, qui n’hésite pas à introduire « pour le plaisir » de la littérature dans ses compositions.

Au-delà de la musique, Sting est aussi un homme engagé qui ne cesse de mettre sa notoriété au service des causes politiques et écologiques. En 1985, avec Russians, il a chanté contre la guerre froide et a porté le combat des veuves chiliennes de la dictature de Pinochet à travers They Dance Alone. Il est devenu le défenseur de la forêt amazonienne en s’affichant avec Raoni, l’un des grands chefs du peuple Kayapo, à qui il fera rencontrer les plus grands dirigeants de la planète pour plaider sa cause.

Comédie musicale sur Newcastle

Aujourd’hui, Sting chante avec une compagnie de danse formée par des réfugiés syriens et sa ­comédie musicale The Last Ship, sur la désertification des chantiers navals de sa ville natale, sera jouée à Newcastle en mars 2018. Très choqué par les attentats du 13 novembre 2015 à Paris, et notamment celui du Bataclan avec qui « il a une vieille histoire », Sting fut le premier musicien à s’y produire, un an après, dans la salle refaite à neuf. « Il fallait trouver le bon ton pour jouer et célébrer la musique et la vie », dit-il.

Dans le cadre de cette programmation, Arte Concert propose en ligne, jusqu’au 30 janvier 2018, le concert que Sting a donné à l’Olympia de Paris en avril.

Sting, l’électron libre, de Julie Veille (France, 2016, 55 min).