Siraba Dembele, à gauche, et Grace Zaadi, au premier plan, lors du match face à la Norvège. / Axel Heimken / AP

C’était irrespirable. Pendant soixante minutes, la France et la Norvège ont lutté pour remporter un nouveau titre de championnes du monde. Mais ce sont finalement les Françaises qui ont pris le dessus en fin de rencontre (23-21), avec des arrêts clés, et des buts improbables au meilleur des moments, pour aller chercher leur deuxième titre mondial, après celui de 2003 (32-29, contre la Hongrie).

Après le bronze au championnat d’Europe et l’argent aux JO, l’année dernière, l’équipe de France savait qu’elle allait devoir défendre son nouveau statut aux championnats du monde. Après une courte période de trois ans sans médaille (entre 2012 et 2015, avec une cinquième place à Londres, aux JO, et une sixième et septième place aux championnats du monde), les Bleues sont de retour sur le devant de la scène, et s’installent à nouveau parmi les meilleures nations du monde, à un an du championnat d’Europe, que la France doit accueillir.

Pourtant, les joueuses d’Olivier Krumbholz se sont fait peur, avec une défaite surprise dès le premier match contre la Slovénie (24-23), une équipe qu’elles avaient pourtant largement maîtrisé quelques jours plus tôt, en match de préparation (26-18). Cinq jours plus tard, le match nul contre l’Espagne les privait presque assurément d’une première place finalement acquise par la Roumanie.

De plus en plus de maîtrise

Mais au final, ceci a probablement fait les affaires des Françaises. Grâce à une dernière victoire rassurante face à la Roumanie, elles ont assuré la deuxième place, et sont tombées dans une partie de tableau différente que les ogresses norvégiennes, qui ont, elles aussi, terminé à la deuxième place de leur groupe, derrière la Suède, après une défaite lors du dernier match de poules.

« J’ai envie de retenir le positif : le progrès à chaque match même si on peut faire beaucoup mieux, expliquait alors la gardienne Cléopâtre Darleux. Je retiens aussi qu’on arrive à gérer physiquement par rapport aux autres car on peut faire tourner. »

Après la victoire contre la Hongrie, en huitièmes de finale, le sélectionneur français se disait soulagé, et content, « surtout par la maîtrise qu’on a eue sur ce match ». Après une première partie de compétition compliquée, les Bleues sont montées en régime à l’image d’Allison Pineau revenue de très loin pour participer à cette compétition. Même sentiment de maîtrise contre le Monténégro, en quarts (25-22), comme le résumait l’arrière française :

« Ce qui me satisfait au-delà de la victoire, c’est de voir que cette équipe de France a su se remobiliser après la défaite contre la Slovénie. Match après match, elle a su passer des caps. On a remis les choses en place, notamment la défense qui fait mal. C’est encore un match plein de maîtrise et une belle victoire au bout. »

Et maintenant un titre européen ?

Face à la Suède (24-22), les Bleues se sont fait peur, en creusant un léger écart à deux reprises dans chaque période, avant de voir les Suédoises revenir. Mais dans les derniers instants, les elles ont su élever leur niveau de jeu en défense, et tirer le maximum de leurs occasions en attaque, face à une équipe qu’elles avaient déjà battu un an plus tôt sur leur terrain, en poules, lors de l’Euro suédois.

Alors cette victoire en finale contre la Norvège vient couronner une équipe qui chassait son deuxième titre mondial après celui de 2003, et deux échecs en 2009 et 2011, et une autre finale perdue en 2016, à Rio, aux JO.

A un an de son championnat d’Europe, la France a su montrer que même déstabilisée, elle pouvait répondre présente, élever son jeu au fur et à mesure de la compétition, faire taire les meilleures attaques du monde, assumer un nouveau statut, et retrouver une place parmi les meilleures nations mondiales. Autant dire que les filles d’Olivier Krumbholz seront encore plus attendues l’année prochaine, devant leur public qui espérera les voir soulever un premier titre européen, après leur titre mondial. Seule la Norvège a réussi cet exploit. C’était l’année dernière en Suède, après leur titre mondial obtenu au Danemark, en 2015.