LES CHOIX DE LA MATINALE

La sexualité sans tabou (Trucs de meufs), un thriller apocalyptique (Calls), l’effet du cannabis sur tout un village (Holly Weed) et des histoires de livres extraordinaires (Cultes, lecteurs sous influences) : les quatre séries que nous vous proposons cette semaine n’ont rien en commun, si ce n’est d’être toutes les quatre des productions françaises.

« Trucs de meufs », des filles parlent de leur sexualité

La masturbation - Trucs de Meufs
Durée : 05:06

« C’est juste pour baiser, mais j’ai toujours le secret espoir que ça puisse donner autre chose. Je subis mes plans culs », confie l’une. « C’est bien, parce que je fais des trucs sexuellement que je ne ferais pas normalement dans une relation longue », remarque une autre.

Tandis que sur l’écran défilent des animations abstraites, une vingtaine de jeunes femmes (de 20 à 35 ans) évoquent très librement et anonymement leur sexualité, leurs pratiques masturbatoires, les injonctions du « sans poil » venues du porno, ou les galères des règles. En toute confiance, comme dans une discussion entre amies, et souvent avec humour : « Si les mecs avaient leurs règles, ça serait genre “T’as vu, moi j’ai un super flux” ».

Websérie documentaire, Trucs de meufs sonne tellement juste que l’on espère une nouvelle salve d’épisodes, un jour prochain, de leurs deux jeunes conceptrices, Maïwenn Guiziou et Marie-Cécile Lucas. Martine Delahaye

« Trucs de meufs », websérie (6 x 6 minutes). Sur IRL, la plate-forme « Nouvelles écritures du réel » de France Télévisions.

« Calls » : l’effroi à 360 degrés

CALLS - BANDE ANNONCE
Durée : 00:46

Cette série d’un genre nouveau est l’œuvre d’un jeune cinéphile, Timothée Hochet (23 ans), friand d’horreur et de science-fiction. D’ailleurs, à suivre Calls, dans le noir et un casque sur les oreilles, revient en mémoire l’angoisse qu’a pu inspirer un film comme Le Projet Blair Witch. Si ce n’est qu’ici, le tout se passe sans images, ou presque.

Tout en reprenant le concept du « found footage » – la découverte de bandes vidéos ou d’enregistrements soi-disant réels, perdus puis récemment redécouverts, qui seraient à l’origine du film que l’on est en train de regarder –, Calls nous embarque dans des histoires qui distillent tension ou effroi au fil de dix épisodes de dix minutes – que l’on peut suivre indépendamment les uns des autres, en dépit de liens ténus entre eux.

A l’écran, un fond noir que traversent quelques luminescences, le nom des personnages qui s’expriment, et la transcription de leurs échanges. On notera un travail sur le son spécifique à chaque épisode (issu d’un portable, d’un masque de plongée, d’un talkie-walkie, etc.), des scénarios fort bien ficelés, et une pléiade d’acteurs de renom investis dans ce projet. M. De.

« Calls », série créée par Timothée Hochet (10 x 10 minutes). Sur MyCanal.

« Holly Weed » : série « bête et méchante » hilarante

Le scénario de base de cette création originale d’OCS, le bouquet de chaînes d’Orange, n’a rien de très original. Des tonnes de marijuana s’échouent sur la plage de la petite île de Trouedech, frappée par la crise du désœuvrement et du dépeuplement.

Que faire de tous ces ballots de drogue bien empaquetés ? Les remettre à la police, ou faire fructifier cette manne pour le bien de tous ? Choisir la morale, ou sauver l’île ? Le maire convoque les habitants… Débute une farce que le scénario, le montage et l’excellence de ses interprètes vont rendre hilarante, compensant ce faisant, le manque de moyens financiers dont ce type de série dispose.

La destinée de l’île va surtout reposer sur le sens des responsabilités et de la débrouille du maire, manipulateur (Arthur Benzaquen), de l’épicier, magouilleur (Philippe Vieux), du trouble curé, le père Paul Jacques (Laurent Bateau), du très simple d’esprit Frantz, policier municipal (Bruno Lochet), et de la stricte institutrice (Judith Siboni). Sans oublier les deux plus jeunes sur qui va finalement reposer le sort de tous : la fille du maire, tendance masochiste (Marie Petiot) et Birdy le débile (Pierre Lottin). M. De.

« Holly Weed », série créée par Daive Cohen, Lionel Dutemple et Arthur Benzaquen (France, 2017, 12 x 26 minutes). A partir du jeudi 21 décembre sur OCS GO.

« Culte, lecteurs sous influence » : websérie littéraire

De Sur la route à Millenium en passant par L’Attrape-cœurs ou Cent ans de solitude, la websérie Culte, lecteurs sous influence s’empresse de vous conter, en trois minutes chrono, comment un roman peut changer la vie de ses lecteurs en les plaçant sous l’emprise d’irrépressibles pulsions (passion, dévotion, colère, etc.).

Les créateurs de Culte, David Brun-Lambert, écrivain et scénariste, et Aurélie Pollet, la réalisatrice des dessins qui animent toute la série, dévoilent avec humour et verve les actes fous qu’ont pu provoquer quinze romans célèbres de la littérature mondiale. Que l’on pense au roman Ça, dont le personnage de Penny Wise, autrement dit Grippe-Sou, a réellement semé la panique, aux Etats-Unis ou en Europe, lorsque des hommes armés se sont approprié l’accoutrement de ce clown terrifiant inventé par Stephen King. M. De.

« Culte, lecteurs sous influence », websérie animée créée par David Brun-Lambert et Aurélie Pollet (15 x 3 minutes). Sur Arte.tv.