Selon le site « Les Jours », une enquête préliminaire visant La Banque postale a été ouverte pour des soupçons de manquements dans la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme. / LOIC VENANCE / AFP

Les opérations de contrôle du gendarme des banques continuent de mettre au jour les lacunes des dispositifs de lutte contre le blanchiment d’argent des groupes bancaires français. Pour ces manquements, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) a déjà condamné BNP Paribas, en juin, puis la Société générale, en juillet, à des amendes de 10 millions et 5 millions d’euros respectivement.

Les Jours ont révélé, lundi 18 décembre, que La Banque postale était visée par une enquête préliminaire pour des soupçons de manquement dans son dispositif de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme. Ouverte par le parquet de Paris et confiée en septembre à la brigade financière, elle fait suite à un signalement de l’ACPR, selon le site d’information, qui s’est procuré le prérapport du superviseur bancaire.

« Un ensemble de dysfonctionnements »

Ce document relève « un ensemble de dysfonctionnements ». Les premiers concernent le mandat cash, qui permet l’envoi d’argent en espèces grâce au service postal. Il est reproché à La Banque postale de n’avoir pas suffisamment contrôlé les clients l’utilisant. Accessible à tous sur simple présentation d’une pièce d’identité, sans qu’un compte bancaire soit nécessaire, il constitue pourtant un canal potentiel de financement du terrorisme ou de fraude fiscale. C’est pour cela que, le mois dernier, le groupe postal a décidé de mettre fin au mandat cash ordinaire à compter du 31 décembre.

L’ACPR a aussi relevé des failles dans le dispositif de gel des avoirs que La Banque postale doit mettre en place. Le groupe a ainsi supprimé de sa liste noire une banque syrienne, liée au régime de Bachar Al-Assad et sanctionnée par l’Union européenne, la Saving Bank, car son nom, très répandu dans l’univers bancaire international, déclenchait de trop nombreuses alertes. « La Syrie figure sur la liste des pays sous embargo, et aucune opération n’a été faite entre La Banque postale et la Syrie », a précisé un porte-parole du groupe.

« Nous en sommes encore au stade du contradictoire et des échanges avec l’ACPR », a déclaré au Monde l’avocat de l’établissement, Me Christophe Ingrain. « Nous ne connaîtrons les griefs retenus à l’égard de La Banque postale qu’à l’issue de cette procédure », a-t-il ajouté, en soulignant que le prérapport avait déjà fait l’objet de modifications, à la suite d’observations formulées par la filiale bancaire de La Poste.