Les réactions de Pékin et Moscou n’ont pas tardé. Quelques heures après la présentation du rapport sur la stratégie de sécurité nationale des Etats-Unis, la Chine et la Russie, qualifiées de forces hostiles dans le document, ont dénoncé, mardi 19 décembre, le « caractère impérialiste » du rapport et « la mentalité de guerre froide » de Washington.

Lundi, Donald Trump reprochait à la Russie et la Chine – « des puissances rivales » –, de « remettre en cause l’influence, les valeurs et la richesse de l’Amérique ». Le document diffusé un peu plus tôt par la Maison Blanche adoptait un ton encore plus offensif vis-à-vis de Pékin et Moscou, accusés de « saper la sécurité et la prospérité » des Etats-Unis.

La réplique chinoise ne s’est pas fait attendre. « Nous pressons les Etats-Unis d’arrêter de déformer volontairement les intentions stratégiques de la Chine, ainsi que d’abandonner leurs concepts dépassés, comme leur mentalité de guerre froide », a martelé mardi lors d’un point presse Mme Hua Chunying, porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois.

Même tonalité du côté de Moscou, accusé par Washington de créer des divisions avec les alliés et partenaires de Washington. Les autorités russes « ne peuvent pas accepter qu’on traite le pays comme une menace à la sécurité des Etats-Unis », a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

« Une menace existentielle pour les Etats-Unis »

Les conclusions du rapport américain contrastent avec les rencontres amicales entre Donald Trump et les présidents chinois, Xi Jinping, et russe, Vladimir Poutine.

Le document accuse la Chine de vouloir « supplanter les Etats-Unis » en Asie, de voler des données américaines, ou encore de vouloir diffuser son « système autoritaire ». « La Chine ne cherchera jamais à se développer en sacrifiant les intérêts des autres pays. Dans le même temps, elle ne renoncera jamais à ses droits et intérêts légitimes », a rétorqué la porte-parole de Pékin. Donald Trump avait reçu un accueil en grande pompe en novembre pour sa première visite d’Etat en Chine, multipliant les louanges adressées au président chinois. Mais les deux pays sont engagés dans une bataille commerciale de plus en plus vive, Washington ayant pris des mesures sans précédent pour enquêter et imposer des droits de douane sur des produits fabriqués en Chine.

Adoptant un ton plus conciliant envers Moscou que le rapport officiel, l’hôte de la Maison Blanche a cependant salué dans son discours la coopération entre les services de renseignement russe et américain qui a permis, selon Moscou, de déjouer un projet d’attentat à Saint-Pétersbourg. « Ils ont été capables d’arrêter ces terroristes sans la moindre perte de vie humaine », a ainsi souligné le président états-unien, rappelant que « des milliers » de personnes auraient pu être tuées. Le rapport sur la stratégie de sécurité nationale estime également que l’arsenal nucléaire russe est « la plus importante menace existentielle pour les Etats-Unis ».

Le porte-parole russe Dmitri Peskov a néanmoins souligné « de modestes points positifs » dans le texte américain, citant par exemple « la volonté [de Washington] de coopérer avec la Russie dans les domaines où cela correspond aux intérêts des Américains ».