Pour la première conférence Up Event, le Medef international a donné carte blanche à la jeune entreprise FiftyFor, membre de l’index Up 40 qui rassemble les start-up françaises les plus actives en Afrique. En 2016, celles-ci, au nombre de 25, ont investi 32 millions d’euros sur le continent et ont levé 24 millions d’euros de fonds.

Mardi 19 décembre, c’est dans les locaux parisiens de l’organisation patronale qu’Alec Fokapu, président de FiftyFor, première plateforme en ligne de notation de PME africaines, a mené le débat durant deux heures. Son credo : l’Afrique sans risque. Derrière lui, sept intervenants, entrepreneurs ou membres de grands groupes ont été invités pour expliquer comment créer de la confiance et garantir la réussite des entreprises sur le continent.

Avec 54 pays et autant de réglementations différentes, difficile de parler de marché unique en Afrique ; et, fatalement, de risque unique. « J’ai connu tous les clichés et difficultés imaginables liés à l’Afrique à travers mon entreprise. Vingt-quatre mois après mon arrivée au Mali, il y a eu un coup d’Etat, puis j’ai réalisé qu’un de mes entrepreneurs était un voleur, et certains clients ont refusé de me payer, raconte Alec Fopaku, déclenchant l’hilarité du public, majoritairement composé d’entrepreneurs. Mais je reste profondément afro-optimiste, car l’Afrique est le continent de la croissance. »

Avec 80 % de PME africaines qui n’ont pas accès aux services bancaires, un manque d’informations disponibles sur les entreprises locales et parfois une méconnaissance de la réglementation des pays, la réalité des marchés africains ressemble au parcours du combattant pour l’investisseur étranger.

« Un terrain de jeu idéal pour les start-up »

« On n’est pas là pour dire qu’il n’existe pas de risques, il y en a beaucoup. En revanche, le message que l’on veut faire passer, c’est que tous ces risques sont des opportunités pour des entrepreneurs, déclare Thameur Hemdane, fondateur d’Afrikwity & Cofundy. Pour réussir en Afrique, il faut innover. Par exemple, le crowdfunding [financement participatif] est une solution aux limites de la banque traditionnelle. On apporte des financements à des start-up qui n’en trouvent ni auprès des fonds d’investissement ni auprès des banques. On permet de créer et de financer d’autres entreprises pour créer de l’emploi et développer le continent. »

Mais comment mesurer la confiance ? « Data first », intervient Ben Marrel, du fonds de capital-risque Breega : « Il faut bancariser les échanges de manière traçable. C’est par l’acquisition de données et leur vérification que le risque diminue. L’éducation du marché, qui est un enjeu de taille, peut être transformée par les nouvelles technologies et l’économie digitale. C’est un terrain de jeu idéal pour les start-up et leurs financeurs ».

« Il faut connaître les environnements et les réglementations locales pour bien maîtriser et accompagner des entreprises in situ, cela nécessite de passer du temps sur place. En faire l’économie, c’est prendre un risque », tranche de son côté Christophe de Chanterac, directeur marketing & communication Afrique de Bolloré Logistics. Pour lui, les risques opérationnels peuvent être évités en ayant une bonne connaissance des opérations commerciales et industrielles de son marché, mais surtout du terrain.