Documentaire sur France 5 à 20 h 55

Ils ne sont encore qu’une poignée d’hommes et de femmes accrochés à leurs rêves et à leurs idéaux comme à leur terre, en quête d’une vie meilleure, respectueuse de l’environnement. Pourtant, et c’est l’une des forces de ce documentaire, on a envie de croire avec eux qu’un nouveau « champ des possibles » s’ouvre au sein d’un monde agricole enlisé dans la crise depuis des décennies. Afin de nous convaincre qu’une « révolution » s’opère, Marie-France Barrier est allée à la rencontre de ces néopaysans, mais pas seulement, qui non seulement repeuplent les campagnes, mais en redessinent par petites touches les contours.

« Rendre la Terre plus belle »

A l’instar de Pierre, ancien pilote de ligne. En pleine reconversion, ce futur maraîcher bio a choisi de s’installer dans le bocage normand pour y bâtir lui-même une ferme de 3 hectares. « Je ne voulais pas seulement arrêter d’abîmer la planète, confie-t-il, je voulais en plus faire quelque chose pour la rendre plus belle. » Dans l’Eure, Linda (ex-agent immobilier) et son compagnon ont établi, en lisière des grandes plaines céréalières, leur petit « paradis ». Là, replantant près de 300 arbres, le jeune couple a fait le pari de « remettre la vie où elle n’était plus » grâce à l’agroforesterie. Un pari exigeant et d’autant plus difficile qu’il s’inscrit à contre-courant et, de ce fait, confie la jeune maraîchère, suscite l’hostilité des acteurs historiques.

Frédéric, éleveur laitier, retrouve le chemin des pâturages. / CAMÉRA SUBJECTIVE/FRANCE 5

Pour autant, parmi eux, certains agriculteurs formés au rendement intensif remettent en cause ce modèle dominant, soucieux de protéger l’environnement et de faire fructifier la terre autrement. Comme dans le pays de Caux, où Olivier, céréalier à la tête de 300 hectares, a mis fin, après vingt ans de pratique, au labour, après s’être rendu compte que celui-ci appauvrissait ses sols. Ou dans la Sarthe, Frédéric, éleveur de vaches laitières, qui, après avoir frôlé la faillite, a remisé soja et maïs qu’il cultivait pour ses bêtes, pour reprendre le chemin des pâturages, redessinant du même coup son horizon. A travers ces multiples parcours – dont certains trop brièvement esquissés, tel celui des bergères d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) –, auréolés d’une mise en image soignée, s’esquissent les contours d’un autre paysage agricole à taille humaine, pourvoyeur de sens et de lien social.

Le Champ des possibles, de Marie-France Barrier (Fr., 2017, 70 min).