Série sur Mycanal à la demande

Billions Season 2 (2017) | Official Trailer | Damian Lewis & Paul Giamatti SHOWTIME Series
Durée : 02:26

Ces deux-là ne sont pas près d’enterrer la hache de guerre. L’un, Bobby Axelrod, dit Axe (Damian Lewis), né de rien et devenu milliardaire à Wall Street, dirige un fonds d’investissement et joue les grands philanthropes quand ça lui convient. L’autre, Chuck Rhoades (Paul Giamatti), né dans la haute bourgeoisie new-yorkaise et procureur fédéral comme le fut son père, cherche à affermir sa réputation, pour une future carrière politique, en enquêtant sur les malversations financières qui ont permis au premier d’entrer dans le cercle des indécents nouveaux riches. Terrasser un loup de Wall Street serait du plus bel effet. Quitte à mettre son mariage en péril, son épouse Wendy (Maggie Siff), psychiatre, travaillant comme consultante auprès du trader milliardaire.

Mus par une haine irrépressible – « La haine est la meilleure source d’énergie, renouvelable à merci », théorise Axe –, ces deux monstres d’orgueil étaient presque parvenus à mettre l’autre à terre, en première saison. Les voilà qui poursuivent leur tentative de mise à mort, en deuxième saison, dans un combat moins frontal qu’auparavant, chacun usant désormais de son entregent et de son pouvoir de nuisance sur la carrière de l’entourage pour parvenir à ses fins. Ce qui, plus d’une fois, amène Billions à décrire finement les dessous peu chics du jeu politique aux Etats-Unis, dont les machinations diaboliques qui permettent à tel ou tel de prendre une ville, de s’asseoir dans un siège de sénateur, ou d’être propulsé gouverneur d’un Etat. Mieux que ne le fait House of Cards.

Combines de tradeurs

Certes, le fait que l’un des trois créateurs de Billions soit Andrew Ross Sorkin, chroniqueur financier au New York Times et auteur du best-seller Too Big to Fail (Penguin Books, 2010, non traduit), sur la crise bancaire et financière de 2008, n’empêche pas que nous restent totalement obscurs les ressorts et combines que les tradeurs utilisent dans leurs transactions financières. Le rythme effréné des opérations du fonds d’investissement d’Axelrod, les échanges incompréhensibles auxquels son équipe se livre ne sont là que pour apporter une coloration, un sceau de véracité – au moins apparent – à la série. Sur ce fond de scène très contemporain, se rejoue, avec parfois une grandiloquence assumée, le conflit entre deux bêtes de scène, entre deux modèles d’amoralité.

Bobby Axelrod, alias « Axe » (Damian Lewis) et Chuck Rhoades (Paul Giamatti) dans « Billions », série créée par Brian Koppelman, David Levien et Andrew Ross Sorkin. / CBS/JEFF NEUMANN/SHOWTIME

Pour autant, fort heureusement, cette deuxième saison – que l’on pourra découvrir indépendamment de la première, les premiers épisodes prenant le temps de resituer chacun dans son contexte – élargit son récit, accorde plus de place à plusieurs personnages secondaires, et en développe même de nouveaux. On découvrira notamment une nouvelle venue dans l’équipe d’Axelrod, la/le stagiaire Taylor Mason (Asia Kate Dillon), qui, comme l’actrice/acteur qui l’interprète – mais sans insister plus que cela –, se dit genderqueer : « non-binaire » ou « non-genré(e) », c’est-à-dire sans genre sexué prédéfini, incapable de se reconnaître et définir comme homme ou comme femme.

Billions gagne à ne pas être dédaignée, tant pour ses acteurs (dont l’excellent David Costabile, plus proche conseiller d’Axelrod) que pour son rythme et ses dialogues affûtés au rasoir. Sans atteindre le podium des meilleures séries, elle devient rapidement addictive.

Billions, saison 2, série créée par Brian Koppelman, David Levien et Andrew Ross Sorkin. Avec Damian Lewis, Paul Giamatti, Maggie Siff, Asia Kate Dillon (EU, 2016, 12 × 52 min).