L’ancien président gambien Yahya Jammeh, à Banjul, en novembre 2016. / Thierry Gouegnon / REUTERS

Son exil en Guinée équatoriale n’aura pas suffi à lui éviter les sanctions américaines. Yahya Jammeh, ancien président de la Gambie, a été épinglé par le département du Trésor américain en raison des « graves violations des droits de l’homme et de corruption » observées sous son régime. Le dictateur aux commandes de la Gambie de 1994 à 2017 est par ailleurs accusé d’avoir créé un système de détournement massif à son seul profit, « pillant les coffres et siphonnant les fonds de l’Etat ».

L’administration Trump, indique le communiqué publié jeudi 21 décembre, a décidé de geler et de saisir tous ses comptes bancaires et tous ses biens aux États-Unis. Douze sociétés « liées » à Yahya Jammeh, dans des domaines allant de la construction à l’assurance en passant par l’agriculture, sont également ciblées. Ces sanctions font écho à celles prises par le ministre gambien de la justice, qui accuse l’ex-chef de l’Etat d’avoir détourné au moins 50 millions de dollars (environ 42 millions en euros) de fonds publics.

Pour mieux justifier ces sanctions, le Trésor américain pointe l’existence des « junglers », des milices violentes et répressives qui ne répondaient qu’au président gambien. Il les utilisa durant des années pour « menacer, terroriser et tuer toutes personnes qu’il considérait comme une menace ». Sous son règne, ces milices ont assassiné « un chef religieux local, des journalistes, des membres de l’opposition politique et d’anciens membres du gouvernement, entre autres ».

Par ailleurs, l’administration américaine a imposé des sanctions à Yankuba Badjie, l’ancien patron de l’Agence nationale de renseignement, l’un des principaux outils de répression sous la présidence Jammeh.

« Transactions opaques »

Si, depuis son départ en exil obtenu sous pressions diplomatiques, en janvier, celui qui était surnommé « le fou de Kanilai » semble retiré des affaires, une autre personnalité, elle toujours active et bien connue sur le continent africain, se retrouve épinglée sur la liste du bureau de contrôle des avoirs étrangers du Trésor américain.

L’homme d’affaires israélien Dan Gertler, acteur important dans le secteur minier de République démocratique du Congo (RDC) et très proche du pouvoir à Kinshasa, est accusé d’avoir usé de « ses relations avec le chef d’État congolais pour servir d’intermédiaire pour la vente d’actifs miniers en RDC, imposant à des compagnies multinationales de passer par [lui] pour faire affaire avec l’État congolais. »

Selon le Trésor américain, ce milliardaire a amassé sa fortune « à travers des centaines de millions de dollars de transactions minières et pétrolières opaques et corrompues en RDC ». Ses agissements auraient fait perdre au pays « plus de 1,36 milliard de dollars » entre 2010 et 2012. Ses sociétés, une vingtaine, sont sanctionnées par le décret de Donald Trump qui permet aux autorités américaines de condamner « des responsables publics qui détournent des avoirs de l’Etat, ainsi que ceux qui attaquent des journalistes et des défenseurs des droits de l’homme ».