Des soldats de l’opposition à Jiech. / Sam Mednick / AP

Quelques heures après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, le gouvernement du Soudan du Sud et le principal groupe rebelle se sont mutuellement accusés dimanche 24 décembre de l’avoir violé.

Le groupe rebelle de l’ex-vice-président Riek Machar, la SPLA-IO, a accusé les forces gouvernementales d’avoir lancé une « attaque agressive » contre leurs positions dans la ville de Bieh Payam (nord) ainsi que dans le comté de Yei (sud-ouest).

« Toutes ces actions sont dirigées contre le processus de paix : le gouvernement de Juba veut que la SPLA-IO réplique afin que la guerre se poursuive et qu’ils continuent à piller les ressources du pays », écrit un communiqué du groupe.

Pour sa part, le porte-parole de l’armée a apporté un démenti, en accusant les rebelles de « graves violations » du cessez-le-feu ailleurs dans le pays. Il a affirmé que les rebelles avaient attaqué un « convoi de l’administration qui essayait de livrer des produits alimentaires et des salaires pour Noël » dans l’Etat d’Amadi (sud). « Nous avons réussi a passer malgré l’embuscade et nous avons pu tuer cinq combattants rebelles », a-t-il ajouté.

Le porte-parole a aussi accusé les rebelles d’avoir attaqué la police militaire à Aweil East (nord-ouest).

Quatre ans de guerre civile

Ces combats ont eu lieu après un nouveau cessez-le-feu signé jeudi à Addis Abeba par le gouvernement et plusieurs groupes armés, qui prévoyait qu’« à compter du 24 décembre 2017 à 00 h 01, une cessation des hostilités prendra effet et les parties cesseront toute action militaire et opération hostile ».

L’accord obtenu à l’issue de quatre jours de négociations placées sous l’égide de l’organisation régionale Igad, prévoyait entre autres que les belligérants « gèlent immédiatement leurs positions », garantissent la protection des civils et l’accès de l’aide humanitaire. Ce cessez-le-feu, réclamé depuis de longs mois par la communauté internationale, est le premier conclu depuis les intenses combats qui ont secoué la capitale, Juba, en juillet 2016.

Ces affrontements entre les forces du président Salva Kiir et M. Machar avaient signifié l’échec d’un accord de paix signé en août 2015, qui avait permis à M. Machar d’être réinstallé au poste de vice-président et de revenir à Juba. Après ces violences, M. Machar avait dû fuir son pays. Il se trouve depuis en Afrique du Sud, mais continue à jouir d’une grande autorité sur son mouvement.

Depuis le début en décembre 2013 - deux ans et demi après l’indépendance - de cette guerre civile, qui a fait des dizaines de milliers de morts, près de quatre millions de déplacés et provoqué une crise humanitaire catastrophique, de nombreux cessez-le-feu ont déjà été signés, avant d’être violés.