Dans les rues de Quebec, frappé par un froid arctique, mercredi 27 décembre. / ALICE CHICHE / AFP

Les Québécois ont eu un cadeau glacial cette année pour Noël : depuis le 24 décembre, une vague de froid record s’abat sur la province canadienne. Dans la nuit du mercredi 27 décembre au jeudi 28, les températures dans la grande région de Québec ont baissé jusqu’à – 25 °C avec un ressenti, causé par le vent, frôlant parfois les – 40 °C. « Il faut remonter à 1917 pour observer un après-Noël aussi glacial », fait remarquer au Monde Alexandre Parent, météorologue à Environnement Canada.

« Cette vague de froid polaire en provenance de l’Arctique est exceptionnelle de par sa durée, puisqu’elle devrait se prolonger jusqu’au 1er voire au 2 janvier 2018, mais aussi de par son étendue géographique. Elle est arrivée par les Prairies du Canada et s’étend maintenant d’un océan à l’autre », observe le météorologue. Et d’ajouter : « Le mercure affiche 10 à 12 degrés de moins que les normales de saison. » C’est cependant le nord de l’Ontario qui devrait être le plus durement touché puisque le mercure pourrait indiquer jusqu’à – 50 °C.

Malgré le froid, le travail continue

Mercredi 27 décembre au matin, le promeneur pouvait assister à un drôle de spectacle dans les rues de Québec : les automobilistes étaient nombreux à être sortis de chez eux plus tôt qu’à leur habitude afin de dégivrer leur voiture et laisser le moteur tourner. « Ce matin, ma voiture a vraiment eu du mal à démarrer, le moteur a beaucoup toussé, et pourtant la batterie est neuve », explique, résigné et bien couvert, Eric, un Québécois rencontré dans la rue alors qu’il s’apprêtait à partir au travail. « Heureusement, les enfants n’ont pas école et ils peuvent rester au chaud, chez nous ! Si seulement je pouvais faire de même ! », s’exclame-t-il.

Dans les rues de Québec, mercredi 27 décembre. / ALICE CHICHE / AFP

Car même si le froid est intense, la vie ne s’arrête pas dans la capitale du Québec. Chloé est infirmière à domicile et il est difficile pour elle de ne pas effectuer sa tournée auprès de ses patients. « Il faut faire davantage attention à l’adhérence sur les routes et aussi prévoir un peu plus de temps qu’à l’habitude pour ses déplacements. On doit aussi mettre des crampons à nos chaussures pour éviter les mauvaises chutes », explique la jeune femme de 24 ans. « Une bordée de neige est beaucoup plus difficile à gérer dans mon travail, les routes et stationnements ne sont pas dégagés, alors que pour gérer le froid, il suffit de bien s’habiller ! », relativise-t-elle.

Carl, lui, travaille dans une raffinerie de la province. Tout au long de l’année, il passe la majeure partie de sa journée de travail à l’extérieur, à contrôler l’état des installations, « et ce quel que soit le temps », affirme le quadragénaire. « L’employeur nous fournit un équipement adapté et on a des abris dans lesquels se réfugier. Le plus à risque, ce sont les installations. Un tuyau, aussi gros soit-il, s’il gèle, il peut fendre comme une guimauve ! », explique ce dernier.

La compagnie Hydro-Québec demande à ses clients de revoir leur consommation d’électricité durant cette période, et ce afin d’éviter des coupures sur le réseau

Les installations pétrochimiques dans lesquelles travaille Carl ne sont pas les seules à être sous haute surveillance. Le réseau électrique l’est aussi. La compagnie Hydro-Québec demande notamment à ses clients de revoir leur consommation durant ces périodes de froid extrême, et ce afin d’éviter des coupures sur le réseau. « Reporter l’utilisation des appareils et diminuer le chauffage sont des actions concrètes qui permettent d’optimiser la distribution d’électricité dans tout le réseau lorsque la demande d’énergie est considérable », est-il écrit sur le site Web de la compagnie.

La société d’Etat prête une attention toute particulière à ses lignes depuis ce qui est connu comme la crise du verglas de 1998. Cette année-là, près de 10 000 kilomètres de ligne avaient été affectés par le gel, causant des coupures d’électricité qui ont duré pour certains utilisateurs jusqu’à quatre semaines. Depuis, Hydro-Québec a mis au point des équipements permettant de déglacer les lignes. Mais surtout, la compagnie a fait en sorte que son réseau soit beaucoup plus résistant aujourd’hui. Ainsi, un pylône sur dix est plus solide que les autres, pour éviter qu’ils ne tombent en cascade, comme ce fut le cas en 1998.

L’enthousiasme des touristes pour la ville et ses paysages ne souffre pas de ces considérations. Le froid intense qui frappait la ville mercredi ne les a pas découragés. Ils étaient nombreux sur la terrasse Dufferin, devant le célèbre château Frontenac, à admirer le fleuve Saint-Laurent emprisonné dans la glace et à profiter d’un panorama aux allures arctiques.

L’Amérique du Nord balayée par une vague de froid extrême