Ces douze derniers mois, nombre des événements qui ont marqué le monde de la « tech » et du numérique ont revêtu un caractère éminemment politique : des hackeurs qui interfèrent dans des élections ; la mise à mort de la « neutralité du Net » par l’administration Trump ; l’influence grandissante des réseaux sociaux sur la démocratie.

Ajit Pai, le président de la Federal Communications Commission, à Washington, le 14 décembre. / ALEX WONG / AFP

Janvier – Tournant pour la « neutralité du Net »

Le 23 janvier, Donald Trump, fraîchement investi président des Etats-Unis, nomme à la tête de l’autorité américaine des télécommunications Ajit Pai, un fervent opposant à la « neutralité du Net ». Ce principe, qui garantit la circulation égalitaire de toutes les données en ligne, est très cher aux défenseurs des libertés numériques. Renforcé sous la présidence Obama, il est mis à mal par l’arrivée d’Ajit Pai, qui souhaite faire voter l’abandon des règles pour le garantir. Les craintes des défenseurs de la neutralité se confirmeront à la fin de l’année, qui verra l’enterrement pur et simple du principe.

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Capture d’écran d’une vidéo de PewDiePie dans laquelle il avait payé deux personnes pour danser en tenant un panneau « mort aux juifs ». / CAPTURE VIDEO / YOUTUBE /PEWDIEPIE

Février – Le youtubeur PewDiePie plus que jamais controversé

Le youtubeur le plus populaire au monde, avec 53 millions d’abonnés à l’époque, perd son contrat avec Maker Studios, une filiale de Disney qui commercialise la publicité affichée sur ses vidéos. PewDiePie, qui se consacre principalement aux jeux vidéo et à des vidéos humoristiques, avait notamment publié à la mi-janvier une vidéo dans laquelle il avait rémunéré deux personnes pour danser en tenant un panneau portant l’inscription « mort aux juifs ». Un incident loin d’être isolé.

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Très attendue, la Switch n’a pas déçu les amateurs de Nintendo. / Toru Hanai / REUTERS

Mars – Sortie de la Switch, la nouvelle console de Nintendo

Après l’échec historique de la Wii U, la nouvelle console de Nintendo, sortie le 3 mars, était attendue au tournant. D’autant qu’avec son concept étrange (une console portable qui peut aussi se brancher sur la télévision ; des manettes modulables), les observateurs avaient au départ du mal à en imaginer l’intérêt. C’était sans compter sur l’attrait exercé par The Legend of Zelda: Breath of the Wild (souvent considéré comme le meilleur de la série), et sur les sorties, depuis, de titres aussi solides que Super Mario Odyssey ou Mario Kart 8 Deluxe. Un pari jusqu’ici gagnant : en neuf mois, Nintendo a vendu dix millions d’exemplaires de sa console, et espère en vendre quatorze au terme de cette première année. Soit autant que la Wii U en cinq ans.

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« What Remains of Edith Finch » / Annapurna Interactive

Avril – « What Remains of Edith Finch », le meilleur jeu indé de l’année

Dans une année qui a vu sortir des poids lourds tels que The Legend of Zelda: Breath of the Wild, Horizon Zero Dawn, Persona 5, Assassin’s Creed Origins ou Player Unknown’s Battlegrounds, il restait a priori peu de place pour un petit jeu intime, sans quête épique, ni combat farouche ni arme à feu. C’est pourtant ce que propose le très touchant What Remains of Edith Finch, dans lequel le joueur incarne une jeune femme de retour dans la maison de son enfance. Hantée par les souvenirs de sa famille et de ses ancêtres, elle va remonter son arbre généalogique en même temps que l’escalier de la demeure : l’occasion d’explorer autant de vignettes très sensibles, flashbacks mélancoliques capables de fulgurances formelles rares. Peut-être le plus beau jeu de l’année.

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Le piratage d’En marche ! n’a pas empêché la victoire de son candidat, Emmanuel Macron. / CHARLES PLATIAU / REUTERS

Mai – En marche ! piraté avant l’élection présidentielle

Vendredi 5 mai au soir, alors que la campagne officielle prenait fin, des milliers de documents présentés comme des « MacronLeaks » sont publiés en ligne et relayés par les réseaux sociaux. Ces documents sont issus du piratage des boîtes e-mails de plusieurs membres de la campagne d’En marche ! Si l’authenticité de la plupart des documents ne fait pas de doute, En marche ! affirmait à l’époque que « de faux documents » avaient été glissés parmi les vrais « afin de semer le doute et la désinformation ». L’épluchage de ces courriels, également mis en ligne par WikiLeaks avec un moteur de recherche intégré pour les rendre facilement consultable du grand public, n’a pas fait ressortir d’affaire de grande ampleur.

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L'écran qui s'affichait après l'infection par Petya. / DR

Juin – Le virus Petya paralyse des entreprises

Le 27 juin, le virus Petya déferle dans les réseaux de multiples entreprises, en Ukraine puis en Europe et dans le reste du monde. Le logiciel malveillant, un rançongiciel, chiffre les données des ordinateurs pour les rendre inaccessibles. Des dizaines d’entreprises furent paralysées : des ports de conteneurs ont été mis à l’arrêt, des chaînes de production de médicaments se sont immobilisées et des entreprises, comme Saint-Gobain, ont été contraintes de revenir au papier et au stylo. Quatre mois plus tard, Le Monde estimait les pertes de ces entreprises à plus de 1 milliard d’euros.

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Plusieurs épisodes de la saison 7 de « Game of Thrones » ont été mis en ligne par un pirate avant leur diffusion officielle. / Helen Sloan / AP

Juillet – HBO, la chaîne de « Game of Thrones », piratée

La diffusion de la saison 7 de Game of Thrones, la série phare de la chaîne HBO, ne fut pas de tout repos : plusieurs épisodes, ainsi que des scripts, se sont retrouvés en ligne avant leur diffusion officielle. Le 31 juillet, la chaîne reconnaît avoir fait l’objet d’un piratage, et on apprendra plus tard que le pirate a tenté de lui extorquer une rançon de 6 millions de dollars, que HBO a refusé de payer. En novembre, un ressortissant iranien a été mis en examen pour ce piratage et cette tentative de racket.

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Le rassemblement néonazi de Charlottesville a provoqué de vives réactions dans la Silicon Valley. / STRINGER / ALEJANDRO ALVAREZ/NEWS2SHARE

Août – Face à l’extrême droite, la Silicon Valley hausse le ton

Après le rassemblement néonazi de Charlottesville le 12 août, où un automobiliste a tué une contre-manifestante, les géants du Web ont multiplié les blocages de contenus liés à l’extrême droite américaine. Mais leur tour de vis à l’encontre des contenus a été vivement critiqué, y compris par de farouches opposants à l’extrême droite, inquiets pour la liberté d’expression.

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Gal Vallerius a été arrêté au moment où il posait le pied sur le sol américain. / Jade Labrunye / Le Monde

Septembre – Un Breton soupçonné d’être un « baron de la drogue » du dark Web

Le Miami Herald révèle que la DEA, les « stups » américains, ont arrêté un homme soupçonné d’être un des responsables du site Dream Market, qui permet notamment d’acheter de la drogue en ligne. Son profil est étonnant : né en Israël, il habitait une commune bretonne de 500 habitants, Plusquellec, dans les Côtes-d’Armor. Il se rendait à un concours de barbe à Austin quand il fut arrêté à son arrivée à l’aéroport d’Atlanta.

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En mars 2016, la machine battait l’homme au jeu de go. / Fatih Cicek / Le Monde

Octobre Nouvel exploit de l’intelligence artificielle AlphaGo

Après avoir conçu le premier programme informatique capable de vaincre l’humain au jeu de go, en 2016, Google DeepMind est allé encore plus loin. Une nouvelle version de son logiciel, AlphaGo, se montre bien plus puissante que la première. Et surtout, celle-ci est capable d’apprendre à jouer « sans rien savoir du jeu de go », explique DeepMind. Le programme, qui ne connaît que les règles du go et la position des pierres, a appris à jouer en effectuant des millions de parties contre lui-même.

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Novembre Facebook s’explique sur l’influence russe

Un an après l’entrée de Donald Trump à la Maison Blanche, Facebook, mais aussi Google et Twitter, ont été entendus par le Congrès, qui veut comprendre comment la Russie a exploité ces plates-formes pour influencer l’issue de l’élection présidentielle américaine. Des milliers de messages, sur des sujets très polémiques aux Etats-Unis (comme l’immigration, le port d’arme ou le mouvement Black Lives Matter), ont été diffusés par de faux comptes et par des publicités, tous liés au Kremlin.

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Tom Bossert, le conseiller à la cybersécurité de la Maison Blanche, le 15 mai. / Jonathan Ernst / REUTERS

Décembre – La Corée du Nord à l’origine du rançongiciel WannaCry

Les Etats-Unis ont officiellement accusé, mardi 19 décembre, la Corée du Nord d’être à l’origine de la propagation mondiale de ce logiciel malveillant qui a infecté, en mai, plus de 300 000 ordinateurs en quelques heures, dans 150 pays. D’autres Etats dont le Japon, l’Australie et le Canada, se rangent derrière le rapport américain, selon Tom Bossert, le conseiller à la cybersécurité de la Maison Blanche. La Corée du Nord a, quelques jours plus tard, vivement démenti une telle implication. Dans l’année, plusieurs rapports d’enquête ont relié ce rançongiciel à un groupe de hackeurs dénommé « Lazarus Group », soupçonné d’être à l’origine du piratage de Sony Pictures, en 2014, un dossier dans lequel les Etats-Unis avaient aussi accusé la Corée du Nord.

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