Jacques Brunel, à Paris, le 27 décembre 2017. / JOEL SAGET / AFP

Avec une pointe de cynisme, on constatera que le XV de France ressemble aux Jeux olympiques : il attire de moins en moins ! De même que l’on a vu des villes retirer leur candidature à l’organisation des Jeux, les entraîneurs de rugby sollicités regimbent à l’idée d’intégrer le staff du XV de France pour devenir les adjoints de Jacques Brunel, nommé sélectionneur national, mercredi 27 décembre, après le limogeage express de Guy Novès.

A leur décharge, il faut dire que le projet de la Fédération française de rugby (FFR) et de son président, Bernard Laporte, semble encore flou, pour ne pas dire fou. A moins de six semaines du Tournoi des six nations 2018, tout reste à construire pour Jacques Brunel. Le manageur de l’Union Bordeaux-Bègles quittera le club girondin à l’issue du match de championnat samedi 30 contre le Stade français, et ce n’est qu’à partir du 2 janvier qu’il prendra officiellement ses fonctions à la tête du XV de France.

Le sélectionneur en est aujourd’hui à essayer de trouver des adjoints qui accepteraient d’embarquer dans cette galère bleue qui a déjà fait couler son prédécesseur (seulement 7 victoires en 21 matchs). Il envisage de parvenir à ses fins d’ici à la fin de la semaine prochaine. Compliqué. L’entraîneur de Clermont, Franck Azéma, a déjà reconnu avoir dit non à un poste d’adjoint.

« En ce qui me concerne, si je ne suis pas à deux cents pour cent dans un projet, je ne peux pas me projeter. Je suis encore sous contrat avec Clermont jusqu’en 2020… », explique le technicien des champions de France en titre. Aux journalistes de La Montagne, le Clermontois précise avoir été contacté par téléphone dimanche 24 décembre à la fois par Bernard Laporte et par Jacques Brunel.

Un manque de « respect »

« L’unique fenêtre » lors de laquelle Franck Azéma accepterait de dépanner en équipe de France coïnciderait avec la tournée de test-matchs du mois de juin, en dehors de la période de championnat : « Ce serait différent et je prendrais sur mon temps de congés. […] Mais je ne suis pas sûr que ça les intéresse encore. » Mais pas question, assure-t-il, d’abandonner son club pendant que l’équipe de France disputera le Tournoi des six nations, de février à mars, ou durant la Coupe du monde 2019, au Japon.

Fabien Galthié (Toulon) et Patrice Collazo (La Rochelle) auraient également fait savoir leur refus d’intégrer le staff du XV de France, selon les informations respectives de l’hebdomadaire Midi olympique et du quotidien Var matin. Interrogé dès le 23 décembre sur son éventuel intérêt, Patrice Collazo avait balayé toute rumeur en conférence de presse après un match contre Bordeaux-Bègles, invoquant « le respect des hommes et des institutions ».

« Aujourd’hui, je sens qu’il n’y a pas trop ce respect, et ça me gonfle un peu », avait-il ajouté. Sous-entendu : la presse spécialisée avait commencé à disserter sur la composition du futur staff alors même que Guy Novès — l’ancien entraîneur de Patrice Collazo à Toulouse — n’a été informé de son licenciement que mardi 26 décembre au matin, par un appel téléphonique de Bernard Laporte.

Un pool d’entraîneurs envisagé

Au-delà se pose une autre question : quelle nouvelle organisation pour le staff du XV de France ? La direction de la FFR aurait avancé l’idée de constituer un pool d’entraîneurs qui viendraient rejoindre le staff de façon ponctuelle avant les matchs, mais sans encore vraiment en dessiner les contours.

« On va pouvoir réellement lancer une prospection, des campagnes, des conversations avec des gens qui, j’espère, voudront bien travailler dans ce projet », déclarait mercredi Jacques Brunel, non sans optimisme. Le refus public de Franck Azéma, qui l’a côtoyé lorsque le nouveau sélectionneur entraînait Perpignan, lui a pourtant montré la complexité de la tâche. Tout comme l’absence de réponse claire de Fabien Galthié, une vieille connaissance du temps où Jacques Brunel s’occupait de Colomiers.

Bernard Laporte a insisté sur sa volonté d’œuvrer à une « réelle proximité » entre le staff du XV de France et les entraîneurs des clubs du championnat de France, toujours réticents à libérer leurs meilleurs éléments. Avant chaque tournée ou chaque Tournoi des six nations, « sept ou huit entraîneurs de club seront conviés pour parler de la forme des joueurs ». « Je veux des informations en direct », fait valoir le président de la « fédé », lui-même ancien sélectionneur des Bleus (1999-2007) avec pour entraîneur des avants un certain… Jacques Brunel.