Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, lors d’un meeting à Ankara, en Turquie, jeudi 28 décembre 2017. / Murat Cetinmuhurdar / AP

Dans un communiqué publié vendredi 29 décembre, Reporters sans frontières (RSF) s’alarme d’un décret publié en Turquie le 24 décembre prévoyant d’imposer un uniforme spécifique à certains prisonniers : marron pour ceux qui sont accusés d’avoir participé à la tentative de putsch de juillet 2016, gris pour ceux qui le sont de liens avec le terrorisme. Ces tenues devront être portées par les détenus lors de leurs apparitions publiques, au moment de leur procès.

Ce décret, qui devrait entrer en application d’ici un mois, pourrait concerner « plus de 58 000 détenus », dont « des dizaines de journalistes », s’alarme RSF. « Au mépris de la présomption d’innocence, les journalistes emprisonnés seront ainsi assimilés aux putschistes responsables du bain de sang du 15 juillet 2016, met en garde le secrétaire général de l’ONG, Christophe Deloire. Nous demandons l’abrogation immédiate de ce décret-loi, qui participe de la dérive de la justice turque vers un instrument de vengeance politique. »

Reporters sans frontières estime « probable » que de nombreux prisonniers refusent de porter cet uniforme stigmatisant, « avec des conséquences inconnues, comme leur exclusion du tribunal ». RSF rappelle que dans les années 1980 l’obligation de porter un uniforme avait entraîné des vagues de grèves de la faim, qui avaient fait plusieurs victimes parmi les prisonniers politiques turcs.