Développement durable, responsabilité des entreprises : ces thèmes commencent à apparaître dans les programmes des écoles de commerce. Les associations étudiantes servent de relais pour sensibiliser les élèves. Mi-octobre, se tenait sur le campus de la Kedge Business School à Marseille une conférence invitant à « repenser les modèles économiques et financiers ». On y remettait en question des systèmes qui favorisent la quête du profit de quelques-uns au détriment de la collectivité. Surprenant dans une école de commerce ? Plus vraiment.

En 2015, l’association étudiante Clepsydre, co-organisatrice de la conférence sur les « nouveaux modèles », avait invité Pierre Rabhi, partisan de la décroissance et d’une « sobriété heureuse ». Plus de 500 personnes ont écouté le vieil homme dans un amphithéâtre bondé. Et son discours a marqué les étudiants.

Clepsydre s’est donné pour mission d’encourager « l’ouverture et la curiosité » des « manageurs de demain ». On compte parmi ses autres invités des personnalités politiques de droite, des sportifs ou même des spécialistes de la franc-maçonnerie. Une diversité loin du cliché des écoles de commerce politiquement univoques. La Kedge Business School, en particulier, a fait le choix de sensibiliser ses étudiants à la finance ­responsable, au développement durable et à la responsabilité sociétale des entreprises (RSE).

Un rappel quotidien des enjeux

Chaque association étudiante compte un référent RSE qui assure le relais entre l’administration et les élèves. Veulent-ils des gobelets biodégradables ? Recycler les mégots de cigarettes sur le campus ? L’école étudie leurs propositions. Ainsi, à la demande de l’association Unis-terre, 300 m2 de panneaux solaires ont été installés sur le toit de l’école de Marseille. « En bordure du parc national des Calanques, où les normes sont très strictes, ça n’a pas été sans mal », se rappelle Emilie Guéret, responsable RSE de l’école. Pour les étudiants, fréquenter cet espace protégé est un rappel quotidien des enjeux environnementaux.

Des panneaux solaires sur les toits des amphis, des gobelets biodégradables dans les cafétérias

Désormais, toutes les écoles de commerce abordent ces thématiques. Les associations permettent de sensibiliser les étudiants, loin de la contrainte des cours. « Il y a un réel enjeu en école de commerce, car les personnes ne sont pas forcément tournées vers le développement durable », reconnaît Joas Desserre, président de l’association B3D à la Toulouse Business School. En 2006, quand l’association a été créée, c’est surtout la direction et l’administration qu’il a fallu convaincre, se souvient ­Antoine Miche, son fondateur : « Il était assez évident pour nous, les étudiants, qu’une école de commerce devait s’investir sur des sujets que les gens, les marchés et les entreprises attendaient. »

Manger bio

Opportunisme ? Dans les couloirs des écoles, le thème du développement durable est plutôt bien reçu parce qu’on y voit notamment des perspectives en termes d’emploi et d’innovation. L’accueil n’est pas forcément aussi enthousiaste à l’extérieur : « Certaines personnes pensent qu’on va gagner plein d’argent mais qu’on cherche à se donner bonne conscience avec nos actions », regrette Emilie d’errant, présidente d’Unis-terre à la Kedge Business School, la plus importante association étudiante de développement durable en termes d’adhérents. « C’est à nous de leur prouver que nos actions ont un impact concret et que nous cherchons, à terme, à rendre autonomes les personnes que nous accompagnons. »

Parmi ces actions : microcrédit et conseil à des entreprises à l’international, aide à la réinsertion de détenus à Marseille, actions écologiques sur le campus, etc. « Bien sûr, au début les gens viennent parce qu’ils y trouvent un intérêt personnel et financier. Mais en adoptant des gestes différents, comme manger bio, ils s’aperçoivent que les enjeux vont au-delà », relève Marie Watier de Planète & Co, petite association qui se développe à l’EM Lyon et propose notamment des paniers bio et locaux aux étudiants.

En 2007, à l’initiative du B3D, les associations de développement durable se fédèrent autour du ­Refedd, réseau qui compte désormais une centaine de groupes membres dans différentes grandes écoles et universités. Leur but : former aux thématiques du développement durable et peser dans les décisions politiques. Et si les associations étudiantes espèrent contribuer à construire un nouveau modèle de société, il n’est pas encore question de remettre en cause la croissance ou d’éviter les grandes entreprises : « On reste une école de commerce ! », remarque Emilie Derand.

« Le Monde » aide les jeunes à s’orienter vers les études supérieures

Pour aider les 16-25 ans, leurs familles et les enseignants à se formuler les bonnes questions au moment d’effectuer les voeux d’orientation, Le Monde organise les conférences O21/s’orienter au 21e siècle, à Nancy (1er et 2 décembre 2017), Lille (19 et 20 janvier 2018), Nantes (16 et 17 février 2018), Bordeaux (2 et 3 mars 2018) et Paris (17 et 18 mars 2018).

S’y ajoutent des salons étudiants : après le salon des grandes écoles (SAGE) et celui des formations artistiques START, organisés chaque année en novembre et décembre, le Salon des masters et mastères spécialisés (SAMS) est prévu le 27 janvier. A consulter également, notre rubrique Le Monde Campus, et tout particulièrement ses sous-rubriques APB / Parcoursup, O21 et Etudes supérieures.