Un prêtre orthodoxe tenant une photo d’Iryna Nozdrovska lors d’un rassemblement à sa mémoire, à Kiev le 2 janvier. / SERGEI SUPINSKY / AFP

C’est un « défi pour l’Etat », a reconnu mardi 2 janvier le chef de la diplomatie ukrainienne, Pavlo Kimkine. Un aveu d’impuissance qui illustre le désarroi des autorités du pays, après le meurtre d’Iryna Nozdrovska, une avocate qui militait pour la défense des droits de l’homme.

Le corps de cette femme de 38 ans a été découvert lundi dans une rivière près de Kiev, alors que la militante était portée disparue depuis plusieurs jours. La police ukrainienne a déclaré dans un communiqué avoir ouvert une enquête pour « meurtre prémédité ».

Cet assassinat a provoqué de vives réactions sur les réseaux sociaux, où des appels à manifester ont aussitôt circulé. Plus d’une centaine de personnes se sont rendues devant le siège de la police régionale, scandant « Honte ! » et réclamant justice. Il s’agit d’un « test de la capacité de la société de protéger ses femmes militantes et d’assurer la justice » en général, a déclaré sur Twitter le ministre des affaires étrangères ukrainien.

L’ambassade américaine en Ukraine s’est également dite sur Twitter « choquée » par la mort de la militante, appelant à « traduire en justice » les coupables. « Nous allons faire tout notre possible » pour que les auteurs du meurtre soient arrêtés, a promis sur Facebook le chef adjoint de la police nationale, Viatcheslav Abroskine.

« Nombreuses menaces »

Iryna Nozdrovska avait notamment consacré les deux dernières années à empêcher la libération de l’homme qui avait mortellement blessé sa sœur dans un accident de la route en 2015. Condamné à sept ans de prison en juin, Dmytro Rossochansky, neveu d’un juge, avait de fortes chances d’être amnistié et remis en liberté, jusqu’au rejet de son appel par la cour d’appel de Kiev mercredi dernier.

Ce rejet a été obtenu « essentiellement grâce » à l’implication personnelle de l’avocate, a indiqué dans un communiqué le groupe ukrainien pour la protection des droits de l’homme de Kharkiv (KHPG), alors que le système judiciaire ukrainien est régulièrement accusé d’absoudre les personnes proches de hauts responsables. Mme Nozdrovska a reçu de « nombreuses menaces de la part de l’accusé et de sa famille », a affirmé le député ukrainien Moustafa Naïem. Selon lui, lors de la dernière audience du procès de M. Rossochansky, le père de ce dernier avait lancé à l’avocate : « Tu vas mal finir. »